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 Nous sommes pires que ça - Eden

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Gavriil A. Ivanovski

Gavriil A. Ivanovski
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MessageSujet: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeJeu 17 Avr - 16:49

Le 15 Février


Il n'était que 16 heure 30 et pourtant, la nuit commençait déjà à tomber sur Londres. Gavriil avait remballé son étalage qu'il avait rangé dans sa sacoche, avec le reste de sa marchandise, et marchait à présent dans la brume.  Il y avait peu de monde dans les rues, et les seules silhouette qu'on apercevait étaient réduites à de vagues ombres flottant dans le brouillard. Le jeune homme se sentait bien dans cette atmosphère. Caché dans l'épaisseur des gouttelettes, il avait l'impression qu'il pouvait faire ce que bon lui semblait. Il se sentait dans son élément. Comme si la ville lui appartenait. Ce qui était stupide bien sûr. Ceux qui pensent qu'une ville leur appartient voient vite leur rêve se faire réduire en cendre, car aucune ville n'accepte d'être dominée. Non, Londres ne dépendait de personne, et surtout pas de ce gouvernement vénal. Il préférait penser que la cité l'avait adopté, depuis le temps qu'il parcourait ses rues toute la journée. Elle le cachait, lui et sa famille, et il respectait chacun de ses quartiers, de ses repères, de ses impasses pour la remercier. Il gardait les secrets. Sauf ceux des personnes qui prétendaient gouverner, mais c'était rendre service que de vouloir libérer la ville du joug qui l'oppressait. Et puis lui, ça lui faisait de l'argent. Échange de bons procédés comme on dit.

Il connaissait ce quartier comme sa poche et aurait pu se rendre à son lieu de travail les yeux fermés. Même avant d'être embauché, il passait beaucoup de temps dans les parages à cause du nombre de clients qui traînaient dans les parages. La première fois qu'il était entré dans le bar de la rue, il ne s'était pas attendu à se faire embaucher... Ou du moins pas de cette manière. Lui il cherchait juste un porte feuille à vider pour la nuit et des informations à récolter. Et quand il s'était assis au comptoir, quand il avait engagé la conversation avec la barman il n'aurait pas cru se procurer le seul job fixe de sa vie. Il l'avait juste trouvé intéressante et s'était plongé amusé dans le jeu des devinettes... Jusqu'à ce qu'il se fasse prendre à son propre piège. Elle avait été la seule à l'avoir démasquer, et pourtant il se targuait de savoir créer une illusion parfaite.
Au début il avait pris peur. Si elle pouvait voir à travers son travestissement, alors pourquoi pas les autres ? Peut-être Gabrielle n'avait-elle plus de raison d'être ? Puis il avait été vexé qu'elle ait deviné aussi vite. Et finalement, il avait compris en la regardant qu'elle aussi était différente des autres. Elle aussi se cachait derrière un masque et traînait des chaînes derrière elle. Des chaînes bien plus lourdes et plus épaisses que les siennes... Il avait donc accepté la défaite et admis qu'elle était redoutable. Et puis il avait rigolé.

Il ne savait pas vraiment pourquoi. Peut-être au fond était-il heureux de constater qu'il n'était pas le seul à fuir ce qu'il était. Ou content de trouver quelqu'un qui le comprenait sans qu'il ait à prononcer un mot. Ou peut-être simplement pour évacuer la tension qui avait pesé sur eux l'espace d'un instant. En tous cas ça lui avait valu un travail et une amie. La seule qu'il avait. Alors il aimait d'autant plus venir à se bar et l'aider à servir. Ça lui changeait les idées et il adorait parler avec Eden. Parce qu'avec elle il n'avait pas besoin de se cacher. Il pouvait être juste lui et c'était... Reposant. Un peu comme avec Natasha, mais différent quand même. Elle était son petit bol d'air quotidien, celle avec qui il était juste... Lui-même.

Il poussa la porte de derrière et s'engouffra dans le bar, où il régnait une chaleur agréable. Il posa sa sacoche dans les vestiaires et entra dans la pièce principale avant de se changer, histoire de prévenir sa patronne qu'il était arrivé. Elle était en train d'enlever les chaises des tables, plantée au milieu de la salle, sa baguette levée. Il lui adressa un sourire quand elle se tourna vers lui avant d'ouvrir le bar, laissant entrer les premiers clients. La première heure se déroula sans problème, il n'y avait pas grand monde et Gavriil allait de table en table avec son habituel sourire de circonstance.

Cependant, alors qu'il traversait la salle, un plateau de cocktail à la main, un homme de large stature le heurta de plein fouet, renversant sur lui la moitié du plateau et faisant tomber la deuxième, qui se fracassa dans un bruit de verre brisé. L'homme s'excusa platement avant de s'éloigner, et le russe sortit sa baguette en soupirant intérieurement. C'était bien gentil de s'excuser, mais ce n'était pas ça qui allait l'aider... Enfin, en temps que serveur, ce n'était pas la première fois ça arrivait et au moins, l'inconnu ne l'avait pas accusé de l'avoir fait exprès. Il sortit sa baguette, répara les verre en un instant, attrapa une serviette pour essuyer le sol et se dirigea vers les vestiaires. Sa chemise était imbibée d'alcool et de jus de fruit... Il allait devoir la nettoyer à fond et ce n'était même pas sûr que la tâche parte. Avec un peu de chance, Eden connaîtrait un sort pour la faire disparaître.

Il déboutonna son haut et l'enleva avant de détailler les dégâts. La tâche était énorme et évidemment, il fallait que ce soit sur une de ses chemises alors qu'il en avait déjà peu. Il frissonna. Torse nu, il ne faisait pas si chaud. Il se mit à farfouiller dans son sac à la recherche d'un pull à enfiler. Non seulement il faisait frais, mais en plus il détestait avoir les épaules exposées.
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Eden K. Winfield

Eden K. Winfield
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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeVen 18 Avr - 8:31

Une fois n'est pas coutume, Eden avait passé une bonne partie de son après-midi au bar. Pour tout dire, elle était arrivée un peu avant deux heure et y avait passé le reste de l'après-midi. Elle avait profité de ses trois heures d'avance pour laver le sol façon moldu vu que c'était ce qui prenait le plus de temps. Elle aurait pu rester tranquillement chez elle à lire ou faire Merlin-seul-savait-quoi mais elle avait ressentit le besoin de fuir son appartement. Ces derniers temps, ça lui arrivait de plus en plus souvent et elle ne savait pas trop quoi en penser. Devait-elle s'inquiéter d'avoir envie de fuir son supposé « chez elle » ?

En réalité, elle savait bien pourquoi elle fuyait son appartement, c'était toujours le même schéma depuis deux ans. À chaque fois qu'elle revoyait en rêve – ou plutôt en cauchemar dans le cas présent – le manoir Clayne brûler avec ses parents coincés à l'intérieur, elle avait envie de fuir son appartement parce qu'elle avait l'impression que tout l'accusait d'avoir tué ses parents et d'être toujours en vie. La culpabilité du survivant comme dirait les psychomages, mais la vérité c'était que ses parents étaient morts à cause d'elle, voilà tout. Elle avait ruiné la vie de sa famille, précipités ses parents dans la tombe et volé la vie de Morgan. Morgan...C'était sûrement lui qui la faisait se sentir la plus coupable, alors qu'il était toujours en vie – cruel paradoxe – mais à cause d'elle, il avait perdu la mémoire – car elle était sûre que c'était l’œuvre du gouvernement ! - il ne se souvenait plus de rien. Il ne se souvenait même pas d'elle. Il devait croire qu'elle était morte avec leur parents dans l'incendie et elle ne pouvait même pas le contredire. Elle n'en avait pas la force mais surtout, elle ne voulait pas le mettre – de nouveau – en danger.

Et donc elle se retrouvait à laver le sol de son bar. Elle était pitoyable. D'ailleurs si elle s'écoutait, elle irait ouvrir une de ces bouteilles de vodka cerise qu'elle avait prit l'habitude d'ouvrir avec Gavriil lorsqu'ils avaient quelque chose à fêter – ou juste envie de boire – mais elle avait réussi à résister. Devenir alcoolique ne l'aiderait en rien et surtout pas à se venger. Malheureusement, lessiver le bar ne prenait pas trois heures, et elle s'était vite retrouvée à ne rien faire. Or elle ne supportait pas ça, surtout pas après un cauchemar. Ne rien faire signifiait s'ennuyer, et s'ennuyer la menait toujours à penser à ce qu'elle avait causé et à ruminer sa vengeance, bref à la rendre exécrable et ce n'était pas la meilleure des choses à faire avant l'ouverture du bar. Du coup, pour s'occuper, elle se mit à réorganiser l'ordre de ses bouteilles d'alcool, les classant de la plus chère à la moins chère.

Finalement, vers quatre heure et demi, une fois qu'elle eut fini de réorganiser l'agencement de ses bouteilles, elle retourna dans la salle et, à l'aide de sa baguette magique, descendit les chaises qui se trouvaient sur les tables avant d'ouvrir. Entre-temps, elle en profita pour saluer Gavriil d'un baiser sonore sur la joue puis elle accueillit ses premiers clients de la journée. Pendant une heure, il ne se passa pas grand chose, les clients allaient et venaient laissant derrière eux quelques mornilles. Il y avait rarement du monde durant cette plage horaires, les sorciers préférant venir boire plus tard, mais au moins ça lui laissait le temps de se mettre dans le bain. Ou ça laissait le temps à un imbécile de renverser le plateau de cocktails de Gavriil ! Bon, au moins il ne se mettait pas à hurler en prétextant que le blond l'avait fait exprès, c'était déjà ça.

Elle observa son serveur réparer les verres – et vive la magie – et nettoyer le flot d'alcool perdu au sol à cause d'un imbécile incapable de faire attention à l'endroit où il mettait ses gros pieds puis, tandis que Gavriil disparaissait dans le vestiaire, elle s’affaira à préparer de nouveaux cocktails pour ses clients. Une fois que ces derniers furent servi – l'un d'eux lui donna même un généreux pourboire – elle quitta le bar pour rejoindre le russe dans le vestiaire et tomba nez à nez avec le torse de ce dernier. La première chose qu'elle remarqua fut la pâleur de sa peau, mais ça devait être normal pour les russes, puis ses yeux tombèrent sur les cicatrices qu'il avait aux épaules. C'était étrange ça... Cependant, elle fit mine de ne pas s'y intéresser et attrapa la chemise du blond pour en faire disparaître l'énorme tâche, suite à quoi elle lui lança ladite chemise.

- Tiens, j'ai pu faire disparaître la tâche, mais pas l'odeur, tu devras quand même la laver en rentrant chez toi. Et tu ferais mieux de te rhabiller, je ne suis pas contre que tu serves les clients torse nu mais en pleine hiver, tu vas chopper la mort si tu restes comme ça. Quoique, ça doit être pire en Russie non ?

Elle farfouilla un instant dans l'armoire du vestiaire – quand on tenait un bar, c'était toujours utile d'avoir des vêtements de rechange – et tendit l'un de ses pulls à Gavriil. À présent qu'elle était face à lui, elle en profita pour détailler plus ouvertement ses cicatrices, se demandant ce qui avait pu lui causer de telles marques – bien qu'elle avait déjà ça petite idée.

- Enfile ça monsieur le playboy ! Étranges tes cicatrices, elles ont l'air assez vieilles, comment tu les as eues ?

La curiosité était un très vilain défaut et malheureusement Eden en était pourvue. En même temps, c'était très utile d'être curieuse quand on cherchait à se venger, mais Gavriil ne méritait peut être pas un tel traitement, mais il avait quand même intérêt à lui répondre !
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Gavriil A. Ivanovski

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeVen 25 Avr - 19:03

La température des vestiaires était plus basse que celle de la salle principale, où le monde et le mouvement réchauffaient l'atmosphère, et Gavriil frissonna. Ce n'était même pas qu'il avait froid. Juste qu'il n'avait pas l'habitude de rester torse à découvert. Forcément, puisqu'il détestait ça. Tout ce qui pouvait lui rappeler sa... Condition lui faisait horreur. Huit ans après, il ne pouvait toujours pas accepter ça, et son rejet était aussi fort que le premier jour. Quand il s'était réveillé... Quand il avait su... Depuis ce moment il avait l'impression qu'il partageait son âme avec une chose démoniaque, qui lui volait le contrôle de son corps une fois par mois sans qu'il puisse l'en empêcher. Lorsqu'il y pensait, il se sentait sale, souillé, et dans un coin de esprit, quoiqu'il fasse, qu'importa combien il tentait de l'oublier, le monstre était là, tapi dans l'ombre. Et, à chaque pleine lune, il ressurgissait inlassablement.

Il grimaça. La dernière fois, la créature avait tiré si fort sur ses chaînes que le russe avait gardés des marques sur ses poignets pendant plus d'une semaine, le condamnant à porter des manches qui lui couvraient même les mains.

La voix d'Eden derrière lui le fit sursauter et il se figea avant de jeter des coups d’œil frénétiques autour de lui, cherchant du regard quelque chose pour recouvrir ses épaules tout en essayant de paraître calme et normal. Malheureusement il n'y avait rien... Il ne put donc qu'espérer qu'elle ne s'attarderait pas sur ses cicatrices.

-Merci, fit-il avec un sourire qu'il voulu détendu mais qui resta un peu crispé. Ça dépend de la région. Là où je suis né... En hiver il faisait tellement froid qu'on ne vivait que dans une seule pièce parce que les autres étaient gelées... On dormait tout serrés et parfois il y avait tellement de neige qu'on ne pouvait même plus ouvrir la porte. A côté de ça, les hivers ici, c'est le paradis ! Le seul point négatif c'est qu'il pleut plus qu'il ne neige...

Et il n'aimait pas la pluie. Enfin... La chose en lui n'aimait pas ça pour être exact. Il la sentait gronder dès qu'il se mettait à pleuvioter. Il se tourna vers elle pour constater avec horreur que sa patronne fixait ses anciennes blessures. Il attrapa le pull qu'elle lui tendait un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu et se dépêcha de l'enfiler, soulager de pouvoir cacher sa peau mutilée, mais mal à l'aise qu'Eden ait pu les voir. Il pria pour qu'elle ne lui demande rien, mais la question fatidique tomba comme le tranchant d'une guillotine sur le cou d'un condamné. Il ferma les yeux une seconde avant d'esquisser un grand sourire, enfouissant sa peur au fond de lui.

-Oh, ça ? Oui, ça date, j'étais encore tout gamin, je m'en souviens plus très bien. Un chien errant il me semble.

Il baissa les yeux vers la chemise qu'il tenait toujours et sa gorge se noua en voyant ses mains trembler. Affolé, il fourra le vêtement dans sa sacoche et enfonça ses mains dans ses poches. Le mensonge était son pain quotidien. Il vivait avec depuis des années, s'en servant à la fois comme d'un bouclier et d'une arme et il se fichait bien de mentir. Ça ne lui apportait ni remords ni culpabilité. Mais pourtant cette fois, ça lui coûtait... Il disait toujours la vérité à Eden, parce qu'elle était la seule personne qui le connaissait pleinement. Il n'avait pas envie de devenir un étranger pour elle... Il ne lui mentait pas. De toutes façons, il savait qu'elle l'avait assez côtoyé pour déceler ce qu'il gardait pour lui... Cette fois, il avait peur. Parce qu'il sentait qu'elle savait mais il ne voulait pas qu'elle sache. Il craignait de la perdre ou de voir de la pité dans ses yeux. Il haïssait la pitié plus que tout au monde. Il ne supportait pas qu'on s'apitoie sur son sort pour quelque raison que ce soit, et surtout pas d'une personne à qui il tenait.

Il se retourna pour ne pas avoir à croiser son regard. Et pour ne pas qu'elle le voie ainsi. Des larmes lui piquaient les yeux mais il se refusa à les laisser couler. Il se sentait misérable et plus bas que terre... Il aurait voulu disparaître tant il avait honte et tant il lui semblait qu'il était méprisable, et il eut beau serrer les dents, une perle salée dégringola le long de sa joue avant de se faire écraser par des doigts impitoyables. Ne pas pleurer. Ça ne le rendrait que plus lamentable...
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Eden K. Winfield

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeSam 26 Avr - 9:17

Gavriil était nerveux, de toute évidence, il voulait lui cacher quelque chose, et ce quelque chose était ses cicatrices. Pas besoin d'être Merlin pour le comprendre...ou peut être que si, mais dans son cas. Elle connaissait le russe, elle le connaissait peut être même mieux que qui que ce soit – la famille Ivanovski mise à part – et elle voyait bien que quelque chose n'allait pas, son sourire crispé ne mentait pas. C'était sans doutes pour ça qu'il s'étalait sur sa vie en Russie, ou plutôt qu'il essayait d'attirer son attention sur autre chose que son corps, à savoir sur ses souvenirs. Eden essaya de se l'imaginer, gamin recroquevillé contre l'un de ses frères pour essayer de grappiller un peu de chaleur par une froide nuit d'hiver, mais rien à faire, elle n'arrivait pas à détacher ses yeux de ses cicatrices. Elle fit pourtant l'effort de lui répondre puisqu'elle suivait tout de même la conversation.

- Moi aussi je préfère la neige, je trouve ça plus joli, et plus pur...mais si tu n'aimes pas la pluie, je crois que tu as faire une erreur en venant d'installer à Londres, il pleut presque tout le temps.

Elle posa finalement la question et le fait qu'il prenne brusquement le pull qu'elle lui tendait pour l'enfiler à la hâte ne lui échappa pas. Elle ne rata pas non plus ses mains tremblantes qui tenaient sa chemise et elle regarda perdue le blond lui tournait le dos. Il n'en fallut pas plus pour lui faire comprendre. Gavriil était un loup garou, et visiblement il n'assumait pas. Pire même, il avait horreur de ça, et sûrement honte. Il ne lui avait pas dit la vérité. Certes elle s'y était attendue, mais elle aurait plutôt pensé qu'il ne répondrait pas. Pas qu'il lui sortirait un excuse à peine crédible avec un grand sourire. Pas qu'il lui mentirait de la même manière qu'il mentait à tout le monde. C'était peut être idiot, mais le comportement de son ami la blessa, même si elle s'efforça de ne rien laisser paraître et de répondre sur un ton léger et presque insouciant.

- Un chien errant ? Vraiment ? J'aurais plutôt penser à un loup... La prochaine fois que tu cherches à cacher d'où ça vient, réponds plutôt que c'est un ours qui t'a fait ça, ça sera déjà plus crédible...

Elle n'avait pas spécialement cherchée à être méchante en lui disant ça. Elle avait juste voulu lui faire comprendre qu'elle savait. Elle avait bien remarqué que depuis qu'il travaillait ici, il prenait ses jours de congés les soirs de pleine lune et qu'il semblait exténué avant et après celle-ci. À présent qu'elle avait vu ses cicatrices – et qu'elle l'avait vu mentir si effrontément – il n'y avait plus aucun doute possible. Pourtant, ça ne changeait rien qu'il soit un loup-garou, il pourrait même avoir déjà tué qu'elle l'aimerait toujours, et ça, elle voulait qu'il le comprenne. Et qu'il le comprenne bien, même si elle doutait qu'il ait tué qui que ce soit. Connaissant Gavriil, ça l'aurait beaucoup affecté d'avoir ôté la vie de quelqu'un et il ne serait pas comme il est à présent. Doucement, elle s'approcha de lui et lui fit face pour le prendre dans ses bras avec tendresse. Sa larme ne lui avait pas échapper et elle avait bien compris qu'il avait besoin de soutien. Coup de bol pour lui, elle serait toujours là pour le blond, quoiqu'il arrive. Elle tenait bien trop à lui pour l'abandonner, surtout dans un moment pareil. Machinalement, elle vint lui caresser les cheveux avec douceur pour lui apporter du réconfort.

- Te met pas dans cet état Gavriil, j'en ai rien à faire que tu sois un loup-garou tu sais ? Je t'aime comme tu es, tu pourrais même être un vampire ou une goule géante que je te chasserais pas d'ici compris ? Ici c'est chez toi et tu seras toujours le bienvenu. Tu seras toujours mon petit playboy russe qui me tape sur le système à cause de sa capacité à lire en moi comme dans un livre ouvert. Tu n'arrives peut être pas à accepter cette...part de toi, mais moi je le fais, et je te le dis, ça changera jamais rien entre nous.

C'était peut être idiot, mais depuis qu'elle avait rencontré ce petit – pas si petit que ça d'ailleurs – blond, elle l'avait complètement adopté. Elle qui ne faisait, ordinairement, pas facilement confiance aux autres, elle avait accordé sa confiance à ce jeune homme qui lui ressemblait tout en était tellement différent d'elle. À présent, Gavriil faisait parti de sa famille, et elle ferait n'importe quoi pour lui, qu'il en ait conscience ou pas.
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Gavriil A. Ivanovski

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeSam 26 Avr - 12:56

Gavriil était à bout de nerfs. Il refusait de penser à ça, il repoussait de toutes forces tout ce qui pouvait lui rappeler sa condition mais là, il n'y arrivait pas. Dès qu'il tentait de mettre de côté cette pensée là elle revenait au galop. Il entendit à peine Eden parler de pluie et de Londres. Comme s'il avait choisit de vivre ici. A la base il aurait passer sa vie en Russie, mais ses parents avaient eu la gentillesse de partir, sachant que s'il restait, les choses tourneraient mal pour leur fils. Ils auraient pu l'envoyer ailleurs et rester là-bas mais ils avaient choisi de l'accompagner et de le soutenir. Ils étaient venus à Londres parce qu'ici, un ami leur avait donné un hébergement gratuit. Ce 'n'était pas comme s'ils pouvaient aller ailleurs. Et puis de toutes façons, une ville grise lui correspondait bien. Une ville où le brouillard était de mise quand ce n'était pas la pluie, c'était parfait. C'était comme lui. Une ville qui se cachait derrière d'épaisses nappes blanches, oui, ça lui ressemblait bien. Une ville qui fuyait la lumière du soleil...

Il se doutait que sa patronne ne serait pas dupe. Mais les mots qu'elle prononça s'enfoncèrent dans sa chair aussi violemment qu'un poignard. Elle savait... Bien sûr qu'elle savait. Ce n'était pas qu'il avait voulu lui cacher uniquement pour ne pas qu'elle sache. Mais lui dire, ç'aurait été comme accepter ce qu'il était. Et il n'acceptait pas. Non, il n'acceptait pas ! Comment consentir au fait qu'on n'était qu'un monstre assoiffé de sang dès que la pleine lune se montrait ? Comment admettre qu'on était celui qui avait failli tuer sa sœur ? Il aurait la défigurer, la rendre comme lui ou lui prendre la vie ! Comment pouvait-il se réconcilier avec la créature qui avait infligé ça à sa Natasha ?! Lui pardonnait tout le mal qu'elle lui faisait chaque mois de sa vie depuis ses 14 ans ? Et lui pardonner toute la tristesse que sa transformation avait donné à sa famille ?! Non, il en était incapable ! Il haïssait cette chose, il la haïssait si fort que s'il avait pu l'arracher de lui il l'aurait fait, quelles que soient les douleurs à endurer. Ce monstre ne faisait PAS parti de lui ! C'était un parasite qui s'accrochait à lui et qui lui volait son corps !

La rage à l'encontre de la bête qu'il avait retenu toutes ces années montait en lui aussi sûrement que la lune dans le ciel. Il se sentait envahi par une colère aveugle qui le rendait fou. L'air semblait si lourd autour de lui qu'il avait du mal à respirer et son cœur battait dans ses oreilles comme le tonnerre. La fureur le faisait trembler violemment, mais il ne prenait même plus la peine de chercher à le refréner. Pourquoi avait-il fallu qu'il se fasse mordre ?! Pourquoi cette créature s'était retrouvée là ?! Pourquoi lui et pas quelqu'un d'autre ? Le village était plein de gens qui auraient mérité ça bien plus que lui ! Pourquoi avait-il fallu qu'il reste essayer sa baguette si tard ?! Pourquoi n'était-il pas rentré ?! Il avait mal ! Mal de savoir que le monstre qui lui avait ça pourrait très bien être lui à présent, mal d'avoir conscience qu'il pourrait faire subir la même chose à n'importe qui, et pire à un membre de sa famille ou à Eden. Il ne supportait pas, ne pouvait pas admettre ce qu'il était. Non, ça lui était impossible. Il ne pouvait pas être un monstre ! Il n'avait rien demandé ! Lui tout ce qu'il voulait c'était vivre en paix avec sa famille ! Et il avait fallu que ça leur tombe dessus ! Pourquoi ?! Pourquoi mais pourquoi ?! Qu'avait-il fait à Merlin ?!

Alors que sa respiration se bloquait dans sa gorge, le mot de trop prononcé par sa patronne atteint son cerveau. Loup-garou, avait-elle dit. Loup-garou. Un homme qui se transformait en loup à chaque pleine lune. Loup-garou. La créature qui l'avait attaqué ce soir là. Loup-garou. Sa condition à présent...

-NOOOOOOON !!!! Hurla-t-il en la repoussant. NON ! TAIS-TOI ! TAIS-TOIIII !!!!

Il refusait, rejetait de tout son être cette appellation infâme, non il n'était pas comme ça, il n'était pas comme ça... IL N'ETAIT PAS COMME CA !! Son sang bouillait dans ses veines, le brûlant de manière insoutenable, et un voile rouge masquait sa vue. Il voulait tout casser, tout détruire, tout, le bar, la ville le monde et lui avec, ainsi il n'aurait plus à subir ces transformations, il n'aurait plus à batailler contre le monstre chaque mois et il n'aurait plus à souffrir ! Il attrapa le bord du bureau où Eden faisait les comptes pendant qu'il la déconcentrait et l'envoya valser, renversant au passage la lampe qui alla voler dans un coin du vestiaire et ouvrant les tiroirs qui se mirent à cracher des feuilles qui allèrent s'éparpiller tout autour d'eux.

-C'est PAS une part de moi ! Ça n'a rien à voir avec moi, RIEN !!

C'était autre chose, quelque chose qui s'était greffé en lui sans qu'il n'ait pu l'en empêcher, mais ce n'était pas lui ! Pourquoi lui aurait-il voulu faire du mal à sa sœur ?! Pourquoi lui voudrait-il devenir une chose féroce et velue tous les mois ?! C'était ridicule !

« Je t'aime comme tu es... » La phrase tournait dans son esprit mais la colère était encore trop présente pour qu'il comprenne d'où ces mots venaient. Lui, il ne s'aimait pas ! Il avait horreur de la personne qu'il était devenu à cause de ce monstre et il ne pouvait pas se pardonner ce qu'il avait infligé à Natasha. « Tu seras toujours mon petit playboy russe » Dans le brouillard de ses pensées qui s'entrechoquaient dans tous les sens, cette phrase lui donna envie de pleurer. Non, il n'était pas un playboy, juste un monstre... Un monstre qui rêvait de devenir un être humain... « Ici c'est chez toi et tu seras toujours le bienvenu ».

D'un seul coup, toute la rage qu'il avait ressenti le quitta, le laissant atrocement vide. Il ne voulait pas être un monstre... Il voulait juste être lui-même... Il était fatigué de tout ça. Il voulait juste être un garçon de 22 ans normal, qui n'aurait pas à s'inquiéter constamment pour sa famille, qui n'aurait à maudire la pleine lune ni à coucher avec des inconnus pour de l'argent. Il voulait quelqu'un pour le prendre dans ses bras et l'accepter comme il était, et maintenant qu'il avait cette personne il gâchait tout en s’énervant... Il se sentait terriblement stupide. Après toute la colère qu'il l'avait assailli, son cœur était aussi creux qu'un vieil arbre. Il était tellement idiot ! Il se sentait seul... Et si las...

Sans prévenir, il fondit en larmes. C'était trop... Il n'en pouvait plus...Il voulait rester là, dans ce bar où il était bien, avec Eden qui le comprenait mieux que personne, mais il regrettait d'avoir explosé comme ça. Il avait tellement envie d'une vie normale, et cet endroit était ce qui ce rapprochait le plus de ce qu'il cherchait... D'une vie banale avec des amis, un travail et tout ce qui allait avec, et lui... Il avait blessé Eden...

-Eden... Gémit-il entre deux sanglots en se recroquevillant sur le sol, les genoux ramenés contre lui. Pardon... Pardon !

Ses larmes se mirent à couler de plus belles et il enfouit son visage dans ses bras. Pourquoi devait-il paraître si misérable devant la seule personne à qui il tenait ? Elle devait le trouver ridicule et lamentable... Lui qui mettait toujours un point d'honneur à avoir l'air fort... Mais parfois il n'en pouvait plus de faire semblant... Il avait besoin d'évacuer et de dire que tout n'allait pas bien. Il n'avait que 22 ans ! Il n'était pas encore adulte et de temps en temps... Il avait envie d'être encore cet enfant qu'il était avant de quitter la Russie. Avant que tout ne change...

-Je suis désolé... fit-il d'une petite voix faible sans oser la regarder.

Il avait honte de s'être laissée aller devant elle. De sa vie il ne s'était qu'une seule fois, un jour où son frère avait injustement fait pleurer Natasha, et il avait fallu qu'il craque devant sa seule amie...Alors qu'elle n'y était pour rien. Il n'était qu'un imbécile... Alors qu'elle voulait juste l'aider... Il aurait voulu être quelqu'un de bien. Quelqu'un de droit et d'honnête qui aurait pu, à 80 ans, regarder sa vie et dire « je ne regrette rien ». Gavriil n'était pas du genre à s'apitoyer sur le passé et à regretter ses actes, pourtant il regrettait d'avoir infligé cette scène à sa patronne. Tout comme il regrettait de ne pas être rentré plus tôt cette fameuse nuit...
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Eden K. Winfield

Eden K. Winfield
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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeSam 26 Avr - 15:36

Jamais de sa vie elle ne l'avait vu en colère, et pourtant, elle la sentait monter en lui aussi sûrement que si elle avait déjà vécu le phénomène. Gavriil était comme elle sur ce point, il n'était pas du genre à se mettre en colère. Plutôt du genre à rester calme, prendre en note et se venger après. Pour sa part, elle prenait soin de faire payer au centuple ceux qui lui faisait du mal à elle ou à sa famille, pour le russe, elle ne savait pas trop. Mais une chose était sûre, elle ne s'était pas attendue à ce qu'il s'énerve, mais elle savait que ça ferait mal. D'un autre côté, elle savait que c'était une étape inévitable pour qu'il accepte ce qu'il était. Elle était aussi passée par là, deux ans auparavant, quand elle avait finit par accepter que ses parents étaient morts par sa faute et qu'on avait volé la vie de Morgan à cause d'elle. Il lui avait fallu quelques semaines pour pleinement accepter ce fait, alors même qu'elle avait déjà décidé de ce venger et que Kendra avait disparu pour faire place à Eden. C'était arrivé, sans prévenir, un soir alors qu'elle était seule chez elle et qu'elle relisait, pour la millième fois au moins, l'article qu'avait écrit Améthyste sur la mort de son père. Elle s'était mise à hurler et à tout saccager autour d'elle, allant même jusqu'à s'infliger d'horribles coupures en cassant un miroir. Puis elle avait fondu en larmes, tout simplement, et elle s'était recroquevillée, au fin fond d'un placard où elle était restée toute la journée à pleurer et à demander pardon à des gens qui ne pouvaient pas l'entendre.

Eden fut violemment arrachée de ses sombres pensées par les hurlements de Gavriil qui la firent sursauter. Merlin qu'avait-elle donc fait ? Elle avait juste voulu le réconforter, lui faire comprendre qu'elle se moquait bien qu'il soit un loup garou et qu'elle l'aimait quand même et elle l'avait, au contraire, plongé dans une colère noire. Elle avait beau avoir conscience que c'était nécessaire pour qu'il s'accepte, ça lui faisait mal de le voir comme ça. Kendra n'avait jamais été une peureuse, et Eden l'était encore moins qu'elle. Pourtant, en voyant Gavriil faire voler son bureau – lui arrachant un nouveau sursaut – la brune eut peur. Ça ne dura que quelques secondes, mais durant ce court laps de temps, elle eut peur de Gavriil et de ce qu'il pourrait faire. Non pas qu'elle ait peur qu'il lui fasse du mal, mais elle avait peur qu'il s'en fasse lui même. Après tout, nos plus grands ennemis sont en nous-même, et tous deux ne le savaient que trop bien.

Impuissante, la barmaid regarda son serveur combattre ses démons intérieurs sans oser bouger. Elle ne voulait pas aggraver les choses, néanmoins elle se tenait prête à intervenir au cas où il lui viendrait à l'esprit de faire une bêtise. Le voir ainsi rejeter de toutes ses forces la simple idée qu'être loup garou était une part de lui fit mal à la demoiselle. Elle savait que s'il continuer comme ça, il finirait par se détester tout bonnement et là, il ferait une bêtise, une bêtise qu'elle ne serait peut être pas en mesure de réparer. Les gens qui ne s'aimaient pas pouvaient soit finir par haïr le monde entier, soit se haïr au point de se suicider, et elle voulait que Gavriil ait un avenir plus reluisant que ça. Elle aurait aimé qu'il arrête de se prostituer, mais elle n'osait pas le lui demander, elle n'avait que trop conscience qu'il faisait ça pour sa famille. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle le payait plus qu'un simple serveur – même si elle ne lui avait jamais dit. D'ailleurs, le blond était bien plus qu'un simple serveur à ses yeux, c'était son ami, un membre de sa famille, et le voir se déchirer de cette manière lui faisait mal. Très mal.

Soudainement, la colère de Gavriil disparut et il fondit en larmes sous les yeux d'Eden qui eut, elle aussi, envie de pleurer en le voyant comme ça. Bien qu'elle n'en ait pas très envie, la demoiselle quitta les vestiaires un instant pour dire aux quelques clients qui restaient – les autres ayant prit la fuite en entendant le russe crier – que le bar était fermé. Une fois que tout le monde fut parti et que la porte fut fermée à l'aide d'un sortilège, Eden retourna dans les vestiaires, après avoir attrapé une bouteille de vodka cerise, où elle retrouva le russe recroquevillé dans un coin en train de pleurer. Comme s'il l'avait vu venir, elle l'entendit l'appeler et s'excuser, ce qui eut raison de ses dernières barrières et la fit pleurer à son tour. Sans plus attendre, elle se précipita vers lui et s'assit à ses côtés en posant la bouteille d'alcool un peu plus loin, puis elle le prit dans ses bras, le serrant contre elle comme si leur vie en dépendaient. Tandis qu'elle lui caressait les cheveux et le dos pour le réconforter, elle lui murmura des mots rassurants à l'oreille.

- Chuuuut... Chut Gavriil, pleure pas... T'excuse pas, t'as rien fait de mal d'accord ? Ça avait juste besoin de sortir et maintenant ça va aller mieux. J'aime pas te voir comme ça mon petit loukoum, arrête de pleurer. Écoute, je suis désolée...j'aurais pas dû te dire tout ça, pardonne moi...

Ils devaient offrir un bien piètre spectacle tous les deux. Pleurant tous les deux, assis à même le sol, tandis qu'elle essayait maladroitement de le consoler. D'un geste maladroit de la main, elle essuya les larmes du plus jeune avant de l'aider à se relever. Quitte à passer la soirée ici, autant être bien installés, aussi l'aida-t-elle à s'asseoir sur le lit – qu'elle avait installé là pour quand elle n'avait pas envie de rentrer chez elle, ce qui lui arrivait souvent – et le reprit dans ses bras en lui caressant les cheveux, tout en s'efforçant de ravaler ses propres larmes. Ce n'était pas en pleurant qu'elle allait l'aider après tout.
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Gavriil A. Ivanovski

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeSam 26 Avr - 18:20

La tête logée dans ses bras, les mains agrippées à ses cheveux, Gavriil avait l'impression d'être entouré de ténèbres. Il se sentait terriblement seul, exactement comme dans ses moments là... Ces moments où il entrait dans la pièce, dans sa pièce, celle qui lui était réservée. C'était toujours la même chose. Il rentrait, son père lui accrochait les chaînes, Natasha lui souriait, parfois il y avait Nikita ou Sonia, la petite dernière qui ne comprenait pas très bien pourquoi il fallait enfermer son frère. Et puis ils s'en allaient. Et puis la porte se refermait. La clé cliquetait dans la serrure et il se retrouvait seul. Seul avec Elle. La créature. Et il avait peur. De ce qu'elle allait faire, à sa famille, à lui... Peur de ce contrôle qu'elle avait sur lui.

Et là... Il avait aussi peur. De ce qu'il pourrait arriver si Eden le laissait tomber. Si elle lui en voulait, il avait parfaitement conscience que sa vie ne serait plus comme avant. S'il ne l'avait pas rencontré, il savait qu'il aurait mal tourné. Il aurait fait n'importe quoi pour de l'argent et se serait abaissé aux pires exactions. Il aurait laissé des gens lui faire du mal pour quelques noises et aurait terminé ou au fond d'une ruelle, ou au bas d'un immeuble. Il l'avait entendu partir et ça l'avait achevé. Voilà elle ne voulait plus voir... Il savait qu'elle était rancunière mais avec lui... Il aurait espéré que ce soit différent... Qu'elle tienne à lui autant qu'il tenait à elle. Il entendit vaguement la porte du bar se refermer, comme la porte de la pièce.

Pensant qu'elle était partie, il hoqueta lorsqu'il sentit des bras se refermer autour de lui. Il n'eut même pas besoin de regarder pour savoir que c'était sa patronne. Son contact, son odeur, sa présence... Il y était habitué depuis longtemps. A peine fut-elle assise qu'il s'agrippa à elle comme un chat dans l'eau à une souche et qu'il enfouit son visage dans son cou, ses mains accrochées au tissu de son haut.

-Eden ! Me laisse pas ! Fit-il avec une note de désespoir dans la voix. Me laisse pas ! Je t'en prie me laisse pas... Me laisse pas, me laisse pas... Me laisse pas... J'ai besoin de toi... J'ai... J'ai besoin... De toi...


Il se sentait confus et perdu dans ses émotions. Il était content qu'elle soit restée, mais il avait peur qu'elle lui en veuille. Et puis, il était vide et triste et il se sentait ridicule à pleurer comme un gamin sans réussir à se calmer.

La voix d'Eden, soufflée à son oreille, avait quelque chose d'apaisant et il se colla un peu davantage à elle, soulagé de savoir qu'elle ne lui tenait pas rigueur de cet incident. Libéré de ce poids, il se laissa guider vers le lit sans lâcher la jeune fille. Il se souvenait qu'il avait plaisanté à propos de ce meuble la première fois qu'il l'avait vu. Un lit dans un bar, il y avait de quoi faire sourire, et il ne s'était pas privé de charrier sa patronne avec ça à plusieurs reprises. Mais aujourd'hui il était content de le trouver.

Il n'y avait plus aucun bruit dans le bâtiment, et ce ne fut qu'à ce moment là que Gavriil comprit que si elle était parti, c'était pour fermer le bar, ce qui eut pour effet de le faire pleurer encore plus. Il était reconnaissant à Eden pour tout ce qu'elle faisait pour lui. Elle l'aidait comme personne et lui n'arrivait qu'à la faire fermer plus tôt... A cause de lui elle avait perdu de l'argent et peut-être des clients. Il n'arrivait à rien... Parfois il se sentait inutile et il n'aimait pas ça. Il avait envie de savoir que quelqu'un avait besoin de lui...

Il décolla un peu sa tête de la brune et renifla, les yeux encore gonflés de larmes :

-J... Je suis désolé... Je voulais pas... C'est pas ta faute...


C'était celle de ce qui dormait en lui. Mais il n'avait même plus la force de lui en vouloir pour le moment.

-Merci...


C'était tout ce qu'il pouvait dire et faire pour l'instant mais il n'avait jamais pensé ce mot aussi fort. Il ne savait pas trop quoi faire pour lui montrer combien il lui était reconnaissant de l'accepter comme ça et de rester à côté de lui pour le soutenir jusqu'au bout. Il hésita. Il y avait quelque chose mais... Il ne voulait pas qu'elle pense qu'il se forçait. Il l'avait enfoui tellement longtemps qu'il avait besoin d'en parler avant de recommencer à le cacher... Et puis c'était une façon de lui prouver qu'elle comptait à ses yeux autant que n'importe quel membre de sa famille, et il savait qu'elle le comprendrait.

-J'avais 14 ans... Je venais d'avoir ma baguette... Je voulais l'essayer... D'habitude quand la nuit tombe chez nous on... On rentre... Parce que c'est dangereux... Mais j'ai pas vu le temps passer...


Cette scène il l'avait revue un nombre incalculable de fois depuis qu'il l'avait vécu. Il se l'était passée et repassée, imaginant sa vie s'il était rentré plus tôt. A force il la connaissait par cœur... Il avait retenu jusqu'au moindre détail. Mais ça lui faisait bizarre de dire ça à voix haute...
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Eden K. Winfield

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeSam 26 Avr - 21:32

En pleurs et blotti contre elle, les mains agrippées sur son haut, Gavriil lui faisait énormément de peine. Difficile d'arrêter de pleurer quand l'une des personnes auquel elle tenait le plus était dans cet état et qu'elle se sentait fautive à cause de ça. En entendant le désespoir dans sa voix, elle comprit, sans peine, qu'il avait cru qu'elle l'abandonnait en quittant les vestiaires, alors qu'elle voulait juste leur offrir un minimum de tranquillité. Comprenant cela, elle resserra un peu plus son étreinte autour du corps du jeune homme. Pendant une seconde, elle eut peur de le casser, il était tellement frêle !, puis elle se rendit compte que c'était ridicule et retourna lui frotter le dos pour le rassurer, essayant toujours d'endiguer ses larmes tant bien que mal.

- Je te laisserais pas Gavriil, jamais je t'abandonnerais tu m'entends ? Jamais, je te le promets, lui murmura-t-elle à l'oreille avant de lui embrasser la tempe.

Après l'avoir installé dans le lit, elle le reprit contre elle et commença à le bercer doucement en lui caressant les cheveux, dans l'espoir de le calmer et de faire cesser ses larmes. Les siennes déjà commençaient à se tarir, ce qui était plutôt bon signe. Une fois qu'elle aurait fini de pleurer, elle pourrait pleinement consoler son petit loukoum. Comment consoler quelqu'un alors qu'on était nous même en train de pleurer ? Ce n'était pas impossible, mais c'était difficile. Sortie de ses pensées par la voix du blond, elle comprit finalement qu'il était en train de s'excuser et elle lui fit un sourire rassurant en secouant la tête, pour lui montrer qu'elle ne lui en voulait pas, pour quoique ce fut. Elle ne savait pas vraiment s'il s'excuser à cause de sa crise de colère, de sa crise de larmes, ou parce qu'elle avait fermé le bar pour rester avec lui, mais quelque soit la raison, elle ne lui en voulait. Avant d'être son loukoum playboy russe adoré, Gavriil était avant tout un être humain, un jeune d'à peine 22 ans qui avait eu besoin de craquer, et elle le comprenait. Tout le monde avait besoin de craquer, à intervalles plus ou moins régulier, surtout les gens comme eux, qui devait traîner un lourd passé derrière eux. Pourquoi lui en aurait-elle voulu pour ça ?

Puis il la remercia, d'un simple mot mais qui contenait tellement de reconnaissance que ça la bouleversa. Aussi détourna-t-elle la tête l'espace d'un instant pour lui cacher qu'elle avait de nouveau envie de pleurer. Elle ne méritait pas vraiment ses remerciements puisqu'une partie de son geste était tout simplement égoïste. Elle qui avait tout perdu en une seule journée, elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose, ou en l'occurrence, à quelqu'un. Elle avait besoin de se sentir utile et aimée, et Gavriil lui apporta tout ça mieux que personne. Et bien plus encore, ce dont il n'était sans doutes même pas conscient. Bien sur, elle avait toujours Améthyste, sa, plus ou moins, meilleure amie, mais depuis la mort de Kendra, elle avait l'impression qu'un mur les séparaient. Peut être se faisait elle des idées, mais elle se sentait bien plus proche de son petit protégé blond que de la journaliste qu'elle connaissait pourtant depuis des années.

- Me remercie pas Gavriil, je sais que tu aurais fait la même chose pour moi dans la situation inverse...

Surprise, Eden écouta Gavriil lui raconter comment il avait été transformé en loup-garou. Il était vrai que depuis qu'elle s'était doutée que c'en était un, elle s'était demandé comment il l'était devenu, mais jamais elle ne lui aurait demandé. Pourtant, elle était touchée qu'il lui en parle de lui-même, après tout, elle savait que c'était un souvenir douloureux pour lui et elle sentait bien qu'il n'en parlait pratiquement pas – pour ne pas dire jamais – ce qui montrait toute la confiance qu'il lui accordait. Une fois encore, elle sentie son cœur se gonfler d'amour – platonique précisons le – et de reconnaissance grâce à Gavriil. Merlin seul savait ce qu'ils seraient devenus tous les deux si leurs routes ne s'étaient pas croisées. Sûrement rien de bon. Peu désireuse de conserver cette ambiance chargée d'émotion et de souvenirs – sinon elle allait se remettre à pleurer à coup sûrs – la brune attrapa la bouteille de vodka et en fit sauter le bouchon avant de la tendre au petit – toujours pas si petit que ça – qui était blotti contre elle.

- Je crois qu'on en a bien besoin, déclara-t-elle avec un petit sourire qui avait plus des allures de grimace qu'autre chose.

Sans plus attendre, elle porta la bouteille à sa bouche pour en boire une longue gorgée puis elle se pencha vers Gavriil et captura ses lèvres dans un long baiser, lui faisant ainsi partager sa vodka.
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Gavriil A. Ivanovski

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeDim 27 Avr - 11:01

Les yeux fermés, Gavriil appréciait la tiédeur des bras qui l'entouraient. Il se sentait bien ici... Le mouvement de ses mains qui le berçaient l'apaisait. Après la tempête qui avait fait rage en lui, tout s'était calmé, le laissant un peu vide et surtout fatigué. Mais il n'avait pas envie de dormir. Il voulait rester comme ça... Il était bien ainsi. Plus le temps passait et plus il avait l'impression de voir en Eden une grande sœur... Il en avait une, d’aînée. Anna. Elle était restée en Russie et n'avait pas apprécié que la presque totalité migre en Angleterre pour lui. Elle avait dit qu'il ne méritait pas qu'on le suive, qu'on n'avait qu'à l'envoyer ailleurs tout seul et qu'il se débrouillerait. Il n'avait jamais trop aimé Anna. Elle n'était pas solidaire, voulait toujours accaparer l'attention au détriment des autres, était méchante avec Natasha et le regardait de travers. Un jour elle avait dépensé de l'argent de la famille durement gagné pour s'acheter un rouge à lèvres à un marchand de passage. Il se souvenait encore de la crise que ça avait provoqué chez eux... Et de la semaine de restriction qu'ils avaient dû passer à cause de ça.

Eden elle, avait des bras chaleureux et un sourire engageant. Elle cachait des choses mais elle savait quand les mettre de côté. Elle était forte mais elle restait humaine... Et puis elle veillait sur lui et c'était réconfortant... De savoir qu'on avait un endroit où on nous attendait. Elle était toujours là pour lui, aussi la cru-t-il instantanément quand elle lui promit qu'elle ne l'abandonnerait jamais. Gavriil eut un sourire content et candide, le même qu'il avait eu le jour où son frère Lyokha lui avait rapporté un vernis à ongle juste pour lui de la ville, une fois il avait dû s'y rendre pour des affaires. Il avait été le seul à avoir eu un cadeau et il avait passé presque une demi heure à regarder la fiole, la faisait tourner dans ses doigts avec ravissement.

Le russe cala sa tête sur l'épaule de la brune pour qu'elle puisse atteindre ses cheveux plus facilement. C'était relaxant... Il se frotta les yeux pour effacer les dernières traces de larmes et se redressa un peu tout en restant dans ses bras. Il ne répondit rien à sa remarque mais il se demanda s'il aurait fait la même chose. Bien sûr qu'il serait resté, jamais il ne l'aurait laissé comme ça, mais il n'aurait peut-être pas su quoi faire exactement. Il savait qu'il était prêt à retourner ciel et terre pour l'aider et la protéger, mais la protéger d'elle-même, c'était déjà plus difficile... Même s'il ferait tout pour le faire si ça devait arriver. Il avait parfaitement conscience que pour eux, leur pire ennemi était une part d'eux-même...

Elle bougea et en tournant les yeux, il vit qu'elle agitait une bouteille sous son nez. Sa préférée en plus. Il eut un sourire piteux et s'apprêta à la prendre lorsqu'elle le devança.

-Héé ! Fit-il. Et m...

Il n'eut pas le temps de terminer sa protestation car déjà elle se penchait vers lui pour l'embrasser. Le liquide alcoolisé glissa dans sa bouche et il l'avala avec délectation, savourant le goût habituel de cerise et de liqueur qu'il connaissait bien. Mais déjà il n'y en avait et, frustré, il faufila sa langue entre les lèvres de sa patronne pour aller lécher avidement les dernières gouttes d'alcool dans sa bouche, faisait disparaître les moindres traces de boisson qu'il trouvait avec sensualité et passion. Quand il fut certain de ne rien laisser, il se recula, attrapa la bouteille et avala une gorgée qui le fit soupirer d'aise.

Ensuite seulement, il reposa sa tête là où elle était un peu avant, s'installant confortablement.

-Dis Eden... C'est quoi ton vrai prénom ?

Ça faisait un moment déjà qu'il se posait la question mais qu'il s'abstenait de le lui demander, ayant conscience que ce n'était pas très judicieux de sa part. Il savait mieux que personne qu'il y avait des choses dont on ne voulait parler, alors il n'avait jamais voulu la forcer. Elle était libre de ne pas répondre, il savait qu'elle saurait que ça ne le dérangerait pas. Il comprenait. Simplement, il avait l'impression qu'à cet instant, elle pourrait lui répondre...
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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeLun 23 Juin - 12:07

Soulagée que la tempête soit passée, la propriétaire du Helly Heaven continua néanmoins de caresser les cheveux de son employé – qui était bien plus que ça pour elle – ce qui leur permit de se détendre à tous les deux. Enfin pas trop longtemps tout de même puisqu'elle ne résista à la tentation de faire râler Gavriil. Après tout, c'était l'un de ses passe temps favoris ! Après avoir attiré son attention en agitant une bouteille de sa vodka préférée – vodka cerise – sous son nez, elle en avala une gorgée, sans pour autant lui donner la bouteille, pour le faire râler. Ce qui marcha aussi bien qu'elle l'avait espéré. Néanmoins, elle ne lui laissa pas le temps de râler plus longtemps puisqu'elle captura sa bouche pour transféré l'alcool dans la bouche du blond. Sans surprise, il se laissa faire et répondit même à son baiser. La passion prit vite place et Eden finit par poser la bouteille de vodka afin de mieux profiter de ce baiser torride. Glissant une main dans ses cheveux, elle approfondit le baiser avant de le lâcher et de se défaire de sa bouche. Elle avait beau ne rien ressentir pour Gavriil – ce qui ne l'empêchait pas de l'apprécier énormément – elle savourait toujours autant chacun de ses baisers.

Laissant le plus jeune se réinstaller contre elle, la demoiselle glissa, de nouveau, sa main dans ses cheveux pour jouer avec ses mèches blondes. Ce qui ne l'empêcha pas de lever les yeux au ciel quand elle le vit prendre la bouteille de vodka pour en boire une gorgée. Elle se sentait bien là, assise sur son lit de secours avec son petit loukoum adoré dans les bras. Comme quoi, il ne faillait pas grand chose pour se sentir bien. Néanmoins, elle n'était pas dupe et savait bien que les fantômes de son passé rôdaient, tapis dans l'ombre, attendant le moment le plus opportun pour resurgir et le faire flancher. Elle eut cependant la présence d'esprit de renvoyer ces sombres pensées d'où elles venaient afin de se concentrer sur le russe. Russe qui, malgré lui, fit resurgir ce qu'elle s'efforçait de chasser.

Il voulait savoir quel était son vrai prénom et, durant une seconde, elle faillit lui « Eden » tout simplement puisqu'après tout, c'était la vérité. Kendra Clayne n'était plus de ce monde, elle était officiellement morte lors de l'incendie du manoir familiale. Depuis cet incident, elle était devenu Eden Winfield, jeune femme venue tout droit d'Amérique pour ouvrir un bar à Londres après que ses parents ne soient parti pour l'Himalaya afin de se rapprocher de l'esprit de Merlin. Cette histoire l'avait fait sourire quand elle l'avait imaginée avec Améthyste, mais au moins comme ça, personne ne pourrait contacter ses « parents » pour demander confirmation. Eden n'avait été créée qu'à cause du désir de vengeance et la culpabilité de Kendra. Vengeance qu'elle était loin d'avoir accompli, mais elle se demandait de plus en plus souvent si tuer les responsables de la mort de ses parents la soulagerait. Repenser à tout ça fit prendre conscience à la brune qu'à part à sa meilleure amie, elle n'avait jamais parlé de tout ça à quelqu'un, et encore, elle ne l'avait jamais clairement dit à Améthyste. Enfin si, Gavriil était au courant qu'elle cachait quelque chose et qu'elle n'était pas qui elle prétendait être.

- Mon vrai nom, c'est Eden...mais je m'appelais Kendra, Kendra Clayne. Mon père était le directeur de la Gazette du Sorcier et il a été assassiné, tout comme ma mère et...moi parce que j'avais réussi à lui faire changer d'avis sur le nouveau gouvernement. Ils ont été tué...à cause de moi...

Sans qu'elle ne s'en rende compte, des larmes commencèrent à couler le long de ses joues et sa vision se brouilla. Ça faisait deux ans, deux longues années, que ses parents étaient morts et elle n'arrivaient toujours pas à l'accepter, ni à atténuer ne serait-ce qu'un peu sa culpabilité. Elle s'était installée sur ce lit avec le blond pour consoler ce dernier et voilà que c'était elle qui se mettait à pleurer. C'était à ni rien comprendre.
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Gavriil A. Ivanovski

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeLun 23 Juin - 13:53

Lorsque Gavriil avait rencontré Eden, un soir au comptoir du Helly Heaven, il n'avait pas discuté un quart d'heure avec qu'il avait vu en elle une blessure intense et profonde, enfouie et caché comme lui enfouissait et cachait la sienne. On dit que les gens qui ont souffert reconnaissent leur semblables. Le russe n'aimait pas les généralités et il ne savait s'il serait capable de déceler toutes les personnes qui avait un passé douloureux, mais pour elle, ce fut immédiat. Il avait su, tout simplement, en la regardant. Ses gestes, ses mots, ses regards, tout en elle laissait criait sa douleur. Les autres la voyaient sans la voir, mais les yeux du blond allaient au delà de l'apparence factice dont elle s'enveloppait. Au départ, il avait eu peur. Peur qu'il avait camouflé sous un grand sourire comme il le faisait tout le temps. Il avait eu l'impression de se retrouver confronté à lui même, et il n'aimait pas ça. Il avait horreur de ça même. Depuis ses quatorze ans, il passait son temps à se fuir, parce qu'il n'acceptait pas ce qu'il était devenu. Outre sa condition, il y avait aussi ce qu'il faisait, la personne qu'il était devenu... S'il avait eu à recommencer, il aurait voulu être une toute autre personne. Mais il ne pouvait pas.

Et Eden renvoyait l'image qu'il savait que lui-même renvoyait : celui de quelqu'un de souriant et sociable, qui aimait la vie et les gens... Mais dont le regard, si on y faisait très attention, recelait des ténèbres noires et profondes, si obscures que toute lumière s'y éteignait irrévocablement. Alors voilà, il avait su. Il ne lui avait jamais rien demandé, jamais fait de fait de réflexions, à part ce premier soir où il lui avait dit qu'elle traitant son passé derrière elle comme un condamné son boulet. Mais aujourd'hui, il avait envie de savoir son nom... Son ancien nom. Il avait besoin d'une preuve de confiance, quelque chose qui lui fasse oublier sa crise, compenser le fait qu'elle savait pour son statut... Et puis juste par curiosité. Il la connaissait certainement mieux que la plupart des gens, et il n'avait pas besoin de son histoire pour la connaître sur le bout des doigts, anticiper ses réactions et deviner ce qu'elle aimait ou non, mais il souhait savoir... Juste pour pouvoir se dire qu'ils se parlaient honnêtement, pour une fois, sans détour, sans ironie, sans rien cacher. Juste la vérité, nue, froide, crue.

Sa main dans ses cheveux lui rappelait son enfance. Sa mère faisait ça quand il avait du mal à dormir... Elle prenait du temps pour l'apaiser et le détendre. Parfois elle lui chantait des berceuses. Gavriil pensa avec un peu d'amertume au temps qui passait trop vite. Aujourd'hui, plus personne ne lui chantait de chansons... Heureusement que Lyohka continuait à raconter des histoires chaque soirs, ça le faisait un peu retomber en enfance...

Kendra Clayne. Alors c'était ça... Avant même qu'elle ne continue sa phrase, le russe savait ce qui allait suivre. Kendra Clayne, décédée dans un incendie avec ses parents, quelques temps après la prise de pouvoir. Le gouvernement affirmait que c'était un accident, mais dans les quartiers où l'on chuchotait les vérités à l'oreille des autres, ce n'était pas ce qui ressortait. Un assassinat parce que M. Clayne changeait doucement de camp, poussé par sa fille. Et, pour ça, il avait payé.

Il pensa à Morgan Clayne, le jeune frère de Kendra. Celui dont on avait effacé la mémoire. Se sentait-elle aussi coupable pour lui ? Certainement, oui. Lui était hanté par les cicatrices qu'il avait infligé à sa sœur. Si ses actes avaient engendré la mort de toute sa famille sauf un qui avait tout oublié, dans quel état serait-il aujourd'hui ? Mort. Évidemment. Il n'aurait pas pu continuer à vivre... Il n'aurait été qu'un corps vide dénué d'âme ou de cœur, qui se serait laissé mourir. A moins que...

Il ferma les yeux. Ah... C'était donc ça. La lueur froide dans le regard de sa patronne ne lui avait jamais échappé. La lumière de détermination glacée qui la hantait parfois le soir, quand il arrivait et qu'il la trouvait assise devant un verre. Il savait ce que c'était. Il avait la même lui aussi quand il pensait au monstre. C'était la vengeance pure et dure... Mais à présent il comprenait l'étendue de cette lueur. Elle voulait tuer, beaucoup, violemment. Il comprenait. Il aurait juste agi pareil... Exactement pareil. Sauf que son boulot à lui ce n'était pas ça. Son boulot à lui c'était de faire sortir le venin, qui à être brusque... Parce qu'elle ne pouvait pas faire ça. Kendra avait été détruite par le sang. Il refusait qu'Eden le soit aussi.

Il posa sa tête sur la sienne, de travers, attendant silencieusement. Il n'y avait rien à dire. On ne pouvait pas faire revenir les morts, on ne pas faire disparaître une blessure d'une phrase, on ne pouvait pas faire semblant que tout irait bien. Il fallait juste laisser faire le temps... Mais il n'aimait pas la voir pleurer. Il n'était pas idiot, il savait bien qu'elle n'était pas aussi forte que ce qu'elle faisait croire. Mine de rien, enfouir son identité était terriblement éprouvant, il le savait pertinemment. Mais il ne pouvait pas la consoler. Pas de la façon dont elle l'attendait en tous cas. Pas de la manière qui lui ferait du bien. On dit qu'il faut faire sortir tout le pus d'une plaie si on veut qu'elle guérisse. Et c'était ce qu'il avait l'intention de faire. Oh ça prendrait du temps. Vu l'ampleur de la blessure, il lui faudrait de la patience... Mais il n'avait que 22 ans. Il lui restait toute sa vie à vivre. Et s'il le fallait... Il s'infligerait lui-même ce que voulait s'infliger Eden. Après tout, lui avait déjà du sang sur les mains. Il avait traîné dans les quartiers les pires de la ville, et traîné avec les pires personnes. Il s'était offert à des déchets pour des informations, alors il ne tomberait pas plus bas...

-Oui, fit-il simplement. C'est ta faute.

Parce que c'était la vérité. Si elle n'avait pas tenté de persuader son père, rien de tout cela ne serait arrivé, et il n'allait pas lui voiler la face. De toutes façons, elle n'aurait pas été dupe. Elle n'avait pas besoin de ça. Bien sûr c'était aussi et surtout la faute du gouvernement. Mais il n'allait pas lui, ca ne ferait que confirmer son besoin de vengeance, et mettre toutes ses erreurs sur le dos d'autres personnes n'aidait pas, ou que pour un temps.

-Oui, tes parents sont morts. Mais et alors ? C'est passé. Les morts ne reviennent pas. Ils ne t'accusent pas non plus. Les morts sont silencieux pour l'éternité et ils ne tiennent pas rigueur aux vivants. C'est plutôt nous qui sommes à plaindre ! Les morts n'ont pas de soucis eux. Tes parents sont légers là où ils sont. Les voix que tu entends, c'est toi. Juste toi. Personne ne t'accuse Eden... Ni ton père, ni ta mère. Et ton frère a perdu la mémoire. Alors pourquoi est-ce qu'il t'en voudrait ? Il a eu la chance unique d'avoir deux vies. Ce n'est pas donné à tout le monde...

Morgan Clayne. Il se fit la réflexion d'aller voir ce qu'était devenu cette homme et s'il était heureux. Il l’espérait... Il l'espérait vraiment pour le bien de la brune.

-Et puis tant mieux qu'ils soient morts.

Il savait que cette phrase était dure, mais il le pensait réellement.

-Parce que sinon je t'aurais pas rencontré. Et je serais mort moi aussi. Une vie pour une vie...

Il releva doucement la tête d'Eden et lui essuya ses larmes du bout du doigt. Elle et lui, ils étaient vraiment des rebuts... Elle n'aurait pas dû exister, lui n'aurait pas dû être là, mais en Russie. Tous les deux traînaient chaînes et tous les deux étaient prêts à plonger leurs mains dans la boue et la crasse pour s'en sortir. Pour oublier et aller mieux...
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Eden K. Winfield

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeJeu 10 Juil - 17:36

C'était de sa faute si ses parents étaient morts et si son frère avait perdu la mémoire, même Gavriil le reconnaissait ! Si elle n'avait pas eu aussi à cœur de se venger, Eden se serait certainement suicidée sur le champs – si elle ne l'avait pas fait le 13 novembre 2012. Lorsqu'elle avait constaté que le manoir était en train de brûler et que ses parents étaient toujours à l'intérieur, elle s'était immédiatement inquiétée pour Morgan mais en apprenant qu'il avait perdu la mémoire, elle avait bien failli sombrer. Et elle l'aurait fait si son désir de vengeance ne s'était pas éveillée en elle. Ça avait beau être difficile à avaler pour elle, mais c'était bel et bien son désir de vengeance qui l'avait maintenue à flot après ce drame. C'était grâce à ça qu'elle avait pu trouver Améthyste pour lui demander de l'aide. C'était grâce à ça qu'Eden était née. C'était à cause de son désir de vengeance qu'elle commençait à perdre petit à petit sa meilleure amie.

Elle écoutait Gavriil parler tandis que des larmes continuaient à rouler inlassablement le long de ses joues pour finir par s'échouer sur sa poitrine ou le lit mais les mots que prononçaient le blond avaient du mal à atteindre son cerveau. Elle ne ressentait que la douleur insupportable qui lui transperçait le cœur plus sûrement que si une épée y était plantée. Elle avait mal, elle avait envie de hurler, de pleurer, de se lacérer sa peau à l'aide de ses ongles jusqu'à ce qu'elle se vide de son sang. Kendra n'avait jamais été suicidaire, pas plus qu'Eden et pourtant, à cet instant précis, elle voulait juste en finir. Elle voulait lâcher prise et abandonner, dire adieu à ce monde qui fonçait droit dans le mur, tirer sa révérence et laisser le monde sorcier se débrouiller sans elle. Elle était fatiguée, à bout, elle avait juste envie d'aller se terrer au fond de son lit, roulée en boule et de se faire oublier tout simplement. D'un autre côté, elle ne pouvait pas laisser Morgan seul dans cette jungle – même si elle n'avait plus aucun contact avec lui depuis la tragédie – et surtout elle ne pouvait pas abandonner Gavriil. Mais est ce que vivre pour les autres était une bonne façon de vivre ?

Finalement, les mots de Gavriil pénètrent enfin son esprit et ses larmes redoublèrent d'intensité. Comment aurait-il pu en être autrement? Il avait raison et elle ne le savait que trop bien mais c'était difficile d'entendre tout ça. Elle savait bien que ce n'était pas ses parents qui lui faisaient des reproches mais bel et bien elle qui s'en accablait parce qu'elle croulait sous le poids de la culpabilité qu'elle ressentait. Même concernant Morgan il avait raison, son petit frère avait eu la chance de pouvoir débuter une nouvelle vie et elle espérait qu'il en profitait. Elle aussi avait eu droit à une nouvelle vie – ou plutôt une nouvelle identité – mais n'était elle pas en train de la gâcher à cause de ses ressentiments et de sa culpabilité ? Pendant longtemps elle avait eu envie de subir le même sort que Morgan, de se jeter un oubliette et tout recommencer à zéro, mais elle n'avait pas pu s'y résigner. Elle chérissait bien trop de souvenirs pour perdre la mémoire et puis, si elle devenait amnésique, qui serait là pour se souvenir de ce que le gouvernement avait fait aux Clayne ? Personne malheureusement.

- Je sais bien que ce ne sont pas eux qui me reprochent tout ça mais moi...mais....ça fait mal quand même et j'ai de plus en plus de mal à le supporter...

Il fallait qu'elle se venge, à tout prix et peut être qu'à se moment là elle pourrait vivre enfin en paix. Et si ce n'était pas le cas...elle pourrait alors mourir la conscience tranquille en léguant tout ce qu'elle possédait à Gavriil. Ça faisait un moment déjà qu'elle avait pris cette décision et que son testament était soigneusement rangé dans son coffre à Gringotts. Bien entendu, elle n'en avait jamais parlé au russe, elle n'avait que trop conscience qu'il n'accepterait jamais tout ça de sa part, aussi avait-elle gardé le secret. Mais s'il lui arrivait quelque chose, le Helly Heaven, son appartement, tous ses biens et toutes sa fortune lui reviendrait, il n'avait qu'une clause à accepter en contrepartie : arrêter de se prostituer. Il le ferait, elle le savait, il n'aimait pas particulièrement ça alors s'il avait la possibilité d'arrêter, il le ferait.

Elle fut arrachée à ses pensées par une phrase qui lui coûta un hoquet de surprise tandis qu'elle retenait son souffle. Il ne pouvait pas avoir dit ça ! Il ne pouvait pas avoir dit que c'était tant mieux que ses parents soient morts ! Non, pas lui ! Gavriil était le seul ami d'Eden – Améthyste étant l'amie de Kendra, ce qui faisait toute la différence – et elle ne supporterait pas qu'il pense de telles choses. Même quand il s'expliqua, une part de lui continua de lui en vouloir tandis que l'autre l'approuvait. Si elle n'était pas devenue Eden, jamais Kendra n'aurait rencontré Gavriil et Merlin savait ce qu'elle aurait raté par là. Même si c'était dur à accepter, chaque chose avait des côtés positifs, même la mort de ses parents.

- Dis pas ça... Pourquoi tu serais mort sans moins ? J'ai rien fait de particulier pour toi... D'ailleurs...je t'interdis de mourir Gavriil... je t'interdis de m'abandonner toi aussi...

Parce qu'une chose était sûre, si Gavriil venait à mourir – surtout si c'était de la faute d'Eden – elle ne le supporterait pas et retournerait sa baguette contre elle pour se lancer le pire des trois impardonnables : le sortilège de mort.
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Gavriil A. Ivanovski

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeVen 11 Juil - 13:15

Il connaissait cette lueur. Ce regard hanté, mort, vide, il l'avait déjà vu. La première fois, c'était lorsqu'il avait neuf ans. Un homme qui était assis sur les marches du seul bar de leur petit village. Si on pouvait appeler ça un bar. Il lui avait demandé s'il n'avait pas du feu. Gavriil l'avait regardé, avait secoué la tête et s'était éloigné, comme on s'éloigne d'un vieux chien errant dont on sait qu'il ne rapportera que des ennuis. L'homme avait été retrouvé pendu dans un arbre non loin de là. Il n'avait jamais oublié.

La seconde fois... C'était dans son miroir. Il avait quatorze ans. Il venait d'apprendre ce qu'il avait fait. Il avait vu Natasha allongé sur son lit, l'épaule bandée, sa mère penchée sur elle. Et Nikita qui pleurait, trop jeune pour comprendre ce qu'il se passait. Il l'avait fixé. « c'est toi qui a fait ça. Tu aurais pu la tuer. Tu pourrais tuer toute ta famille. » Ces paroles avaient tourné dans sa tête, insidieusement, se répandant en lui comme un poison. Il le savait déjà, qu'il était un monstre. A cette période, sa blessure était trop récente pour qu'il arrive à la fuir, et il vivait dans les ténèbres et la peur. La peur de blesser, la peur de tuer, la peur de lui. Et le déni. Lentement, il avait bougé. Il ne supportait pas ce spectacle. Il était parti dans sa chambre. Il s'était demandé quel effet ça ferait d'être un assassin. Il s'était planté devant le miroir et avait levé les yeux. Il n'avait pas reconnu l'adolescent en face de lui. Il n'avait pas reconnu les yeux vides, cernés et mornes. Il s'était juste dit qu'il n'était qu'un fantôme.

Il avait pris un couteau ce jour là. Il ne pensait plus à rien. Il avait juste mal, mal... Il voulait que ça cesse, que ça s'arrête, tout serait tellement mieux s'il faisait ça... Il serait libéré... C'était sa mère qui l'avait trouvé. Elle avait juste posé sa main sur la sienne, elle avait délicatement enlevé le couteau d'entre ses doigts et l'avait posé sur le buffet avant de le serrer dans ses bras sans rien dire. Gavriil avait eu honte. C'était à partir de là qu'il avait commencé à fuir. Et à aller mieux. Un peu.

Jusqu'à ce qu'il rencontre Eden. Elle l'avait tiré des égouts où il se noyé, lui avait tendu la main, l'avait accepté comme il était, simplement, pas pour le sexe, pas pour l'argent, pas pour le profit. Pour lui. Il s'était senti tellement heureux la première fois qu'elle lui avait dit qu'elle était fière de lui ! Ce n'était peut-être pas grand chose pour elle, peut-être l'avait-elle dit comme ça -même s'il en doutait, Eden ne disait jamais rien à la légère- mais ç'avait été la première phrase à avoir fissuré la croûte de souffrance qui avait paralysé son cœur si longtemps. Elle l'avait aidé. Elle l'avait même fait renaître, en quelque sorte. Eden était celle qui l'avait sauvé, et jamais, jamais, jamais il ne la laisserait. Elle était sa famille, et les membres d'une famille se serrent les coudes. Elle était son soutien, son pilier qui le maintenait en équilibre, et si elle sombrait, alors il la suivrait. Elle devait vivre, elle devait savoir si son frère allait bien, elle devait goûter au bonheur qu'elle lui avait apporté, elle devait exister, tout simplement. Elle s'accablait de tout, mais elle était aveugle à toutes ses bonnes actions.

Lentement, le russe sentait une hargne s'emparer de lui. Non ! Eden était sa rédemption ! Elle était, avec sa famille, tout ce qu'il y avait de meilleur de sa vie, un soleil dans l'obscurité, un phare qui le guidait quand il rentrait le soir, souillé par de parfaits inconnus, quand il était las de tout ça, quand il était vidé, elle était son paradis, son utopie, son sauve conduit vers la guérison. Pourquoi ne s'en rendait-elle pas compte ?! Pourquoi ne voulait-elle pas s'accorder une autre chance ?! Elle voulait se venger, très bien. Ça, il l'avait bien compris. Mais tuer, c'était ne jamais revenir en arrière. Eden était quelqu'un de bien, elle avait beau dire que non, elle ne se rendait pas compte qu'au fond d'elle, il y avait un cœur bon, empli de gentillesse. Tuer rendrait ce cœur noir comme le charbon. Si elle faisait ça... Il la perdrait à jamais. Si c'était pour faire souffrir ceux qui l'avaient fait souffrir qu'elle restait en vie, alors très bien. Ils souffriraient. Mais pas par elle ! Il refusait qu'elle le fasse, qu'elle se perdre, qu'elle s'inflige ça ! Non, il ne la laisserait pas. Jamais. Il ne pouvait pas accepter ça, il ne pouvait rester sans faire la regarder se détruire ! Elle avait du mal à le supporter, disait elle ? Et bien il allait lui donner une autre raison d'avoir mal, une raison d'oublier un peu la noirceur dont elle s'entourait.

Il la saisit par le col, animé par une force instinctive et sauvage qui le poussait hors de lui. Non, Eden ne sombrerait pas ! Il était si paniqué à l'idée qu'elle puisse, si terrorisé de savoir qu'il pouvait la perdre qu'il était près à tout pour la faire revenir près de lui. Il la plaqua sous lui, tremblant de rage et leva la main avant de l'abattre sur sa joue avec toute la force dont il était capable.

-Tu as mal ?! Tu as MAL ?! Et ça ça te fait mal ?!

Il asséna une seconde gifle tout aussi monumentale que la première à sa patronne.

-Et tu crois que c'est quoi cette douleur, putain ?! Hurla-t-il en la secouant. Tu peux ressentir ça parce que tu vis ! T'as mal parce que tu vis ! Si tu crèves tu pourras plus jamais souffrir ! C'est ça que tu veux ? Mourir pour plus avoir mal ?! Mais t'es stupide ou quoi ? Je te pensais plus intelligente que ça !! Tu sais quoi, Eden ? Y'a un truc que t'as oublié, un truc qu'on apprend dès qu'on est gosse ! Vivre c'est douloureux, vivre c'est cruel ! La vie c'est noir et ça fait mal, ma vie ça rend triste, ma vie c'est qu'une putain de blague ridicule et ça sert qu'à engendrer le mal ! Mais t'oublies... T'oublies un truc super important ! Donner la vie, c'est une source de souffrances non ? Ça fait mal non ? Ma mère elle hurlait chaque fois qu'elle accouchait ! Elle a failli mourir à cause de Nikita ! Elle a failli y laisser sa peau, mais elle souriait ! Parce que de cette souffrance résulte u grand bonheur !

Son emprise se resserra autour du col de la jeune fille. Non ne meurs pas, pas toi, pas toi, pas toi, j'ai besoin de toi, c'était tout ce à quoi il pouvait penser, tout ce que son cerveau pouvait envoyer comme signal. Pas toi Eden, je t'en supplie, pas toi.

-T'as mal aujourd'hui mais demain tu seras heureuse ! Et puis, et ta vengeance alors ?! Tu serais prête à laisser ces enfoirés vivre et mourir de leur belle mort ? Tu les laisserais continuer leurs crimes ? T'es comme ça toi ? Faible à ce point ?! Non ! T'es une battante ! T'as un sale caractère, t'es rancunière et en plus t'es plus têtu que toutes les mules de la terre, alors pourquoi tu te laisses aller ?!

S'il fallait lui agiter sa vengeance sous le nez pour qu'elle aille mieux et bien soit ! Il aviserait après, il la dissuaderait plus tard, mais pour l'heure ce n'était pas ça qui comptait. Ce qui comptait c'était qu'elle cesse de la fixer avec ces yeux ! Ce regard s’insupportait, il fallait qu'elle arrête ! Pitié Eden, arrête, arrête...

Ce qu'elle murmura la laissa interloqué. Pourquoi ? Elle demandait pourquoi ? Elle le connaissait sur les bout des doigts et elle posait la question ? Était-elle aveugle à ce point lorsque les choses la concernait ? Et elle parlait d'abandon quand c'était elle qui projetait de partir ?

-Ce que... Tu as fait... Pour moi ?! Fit-il soufflé. Tu te le demandes ? Mais Eden... J'aurais été jusqu'en Enfer pour de l'argent, je serais descendu plus bas encore même pour ma famille. Je me serais fait piétiné, j'aurais perdu ma condition d'être humain pour quelques mornilles. Je me serais abaissé, toujours plus et j'aurais fini comme une poupée de chiffon au fond d'une ruelle de l'allée des Embrumes. J'aurais été souillé par les pires déchets de Londres, j'aurais commis les pires exactions. Je l'aurais fait, tu le sais.

Sa hargne était parti partie pour laisser place à une infinie tristesse, une détresse contre laquelle il ne pouvait rien, juste espérer. Il ne voulait pas qu'elle le laisse... Il plongea ses prunelles grises dans les sienne, sans rien cacher de sa peine.

-Je ne t'abandonnerais pas Eden. Je te suivrais. Tu devras m'attendre un peu dans l'au-delà... Mais tu sais, si me laisses derrière, tu n'auras pas à patienter longtemps. Je viendrais vite te rejoindre. Je te le promets.

Il passa délicatement sa main là où il l'avait frappé auparavant et déposa un baiser sur la trace du coup, avec tendresse et attention

-C'est ça la réalité Eden. C'est toi qui veut m'abandonner... Me demande pas de vivre si tu peux pas le faire toi-même. Je resterais vivant que si tu me montres l'exemple.

Il s'allongea et se lova contre elle, passant ses bras autour de sa taille et s'accrochant à elle comme à une bouée de sauvetage. Parce que c'était ce qu'elle était pour lui. Il avait besoin d'elle, elle devait le comprendre ! Même si c'était égoïste, si elle devait trouver une raison de vivre, il lui en donnerait ! Que ce soit, lui, ou la vengeance, ou son frère, ou n'importe quoi ! Il l'aiderait plus tard à trouver une raison valable, mais pour l'instant, seul comptait le présent.

-Meurs pas Eden... Fit-il d'une petite voix. Pense à ton frère... Pense à Améthyste... Et si ça te suffit pas... Pense à moi... Je t'en supplie... J'ai besoin de toi...

Sans elle il se sentirait vulnérable et nu. Elle était forte, quand elle l'aidait, quand elle lui souriait et qu'elle restait près de lui, il se sentait invincible. C'était la vérité, il avait besoin d'elle. Sans sa présence, il serait aussi faible qu'un nouveau-né... Comme il se sentait fragile à cet instant, cramponné à elle de peur qu'elle ne disparaisse. Affolé à la simple idée qu'il pourrait ne pas être assez fort pour la retenir si jamais elle lâchait totalement prise...
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Eden K. Winfield

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeSam 2 Aoû - 21:26

Que lui arrivait il ? Ça ne lui ressemblait pas de craquer de la sorte, et encore moins de partager ses blessures et ses faiblesses. Mais là, il s'agissait de Gavriil et elle avait confiance en lui. Elle savait qu'il ne se servirait pas de tout ça pour la faire souffrir d'avantage. Elle savait même qu'il lui viendrait en aide. Parce que c'était ce qu'ils faisaient. Ils s'entraidaient, c'était comme ça que ça marchait entre eux. Quand l'un d'eux allait mal, l'autre le soutenait, de toutes ses forces s'il le fallait et il le poussait vers l'avant. Du moins, c'était ce qu'Eden faisait pour le blond. Elle aurait tout fait pour lui, et elle ferait tout pour qu'il aille bien et qu'il soit heureux. À présent, c'était elle qui avait besoin d'aide. Elle se sentait vide, à bout de force, elle avait envie de se laisser sombrer et de tout abandonner. Il fallait que quelqu'un la sorte de là, que quelqu'un la ramène à la réalité et elle allait faire une bêtise. Pendant deux ans, elle avait avancé sans l'aide de personne, se concentrant aveuglément sur une seule chose : se venger de ceux qui avaient tué ses parents. Les tuer à son tour. Mais à présent, même ça ne suffisait plus. À quoi bon se venger ? Ça ne lui ramènerait pas ses parents et ça ne rendrait pas la mémoire à Morgan. Oui mais, si elle ne se vengeait pas, pourquoi resterait elle envie ?

Abrutie par ses idées morbides, elle se laissa faire quand Gavriil l'attrapa par le col pour la plaquer sous lui. Elle se contenta de le regarder, les yeux mornes sans bouger. Sans broncher, elle accepta sa gifle qui lui fit violemment tourner la tête et elle la redressa lentement, ses larmes s'intensifiant avec la douleur, mais au moins, elle avait une bonne raison de pleurer. Il lui demandait si elle avait mal, si ses coups lui faisaient mal et elle avait envie de lui crier que oui ! Oui elle avait mal ! Oui elle souffrait ! Mais aucun son ne sortait de sa bouche, elle ne parvenait même pas à bouger ses lèvres. Elle se contentait de pleurer en hoquetant de temps à autre, et elle peinait à respirer par moment. Elle en oublia même de respirer pendant que le blond parlait.

Elle avait mal parce qu'elle était en vie... ça pouvait sembler stupide vu comme ça, mais elle trouva ça étonnamment pertinent. Elle souffrait parce qu'elle était toujours en vie. Il avait raison. Gavriil avait entièrement raison, elle était stupide. Pourquoi voulait elle mourir alors qu'elle avait la chance d'être en vie et en bonne santé ? Pourquoi avait elle envie de mettre fin à ses jours alors qu'elle avait la chance d'être vivante ?! Elle aurait dû mourir dans le manoir Clayne, avec ses parents ! Pourtant elle était toujours vivante. Peut être était ce un coup du destin ou de ce vieil hurluberlu qui veillait soit disant sur les sorciers, elle n'en savait rien, mais toujours était il qu'elle était en vie. Ne serait ce que par égard pour ses parents, elle devrait profiter de cette chance qui lui avait été donnée au lieu de se morfondre comme elle le faisait. C'était difficile, mais la vie était comme ça : dure, froide et cruelle. Elle le savait pourtant, elle l'avait toujours su alors pourquoi avait elle baissé les bras comme ça ?

Heureusement que Gavriil était là pour lui donner des coups quand elle en avait besoin. Heureusement qu'il était là pour la ramener à la réalité et lui insuffler un peu de vie. Elle devait vivre, bien sûr qu'elle devait vivre ! Si elle ne le faisait pas pour elle, elle devait le faire pour ses parents ! Pour les venger et faire payer à ses salauds qui avaient eu l'audace de décider de leur mort. Elle devait leur montrer que tout crime ne restait pas impuni et surtout pas un crime de cette ampleur ! Et si elle ne vivait pas pour ça, elle devait au moins vivre pour Morgan. Pour s'assurer qu'il était heureux, qu'il s'adapter à sa nouvelle vie, qu'il avait tout ce dont il avait besoin. Et puis pour Gavriil aussi ! Elle devait veiller sur lui et prendre soin de lui. Sans compter qu'elle devait lui préparer sa potion tue loup tous les mois. Elle avait des tas de raisons de vivre, alors elle ne devait pas baisser les bras, pas maintenant.

- T'es plus têtu que moi... bougonna-t-elle faiblement en essayant de détacher ses mains de son col.

La réalité et l'horreur la frappèrent de plein fouet quand Gavriil lui expliqua ce qu'il serait devenu sans elle. Chacune de ses phrases se gravant au fer rouge sur son cœur pour lui rappeler – si besoin était – qu'elle ne devait jamais l'abandonner. Elle savait, elle savait qu'il l'aurait fait. Elle avait parfaitement conscience qu'il aurait tout fait pour de l'argent et elle remercier chaque jour le hasard ou le destin ou même Merlin de l'avoir mis sur sa route. Elle l'aidait à sa manière, du mieux qu'elle le pouvait, elle lui avait fourni un travail, il était devenu son ami, même plus que ça ! Elle le voyait comme son petit frère, un frère qu'elle devait protéger. Alors il était hors de question qu'elle le laisse sombrer. Il s'abaisse à satisfaire les pires monstre de la capitale. Qu'il bafoue sa condition d'être humain pour quelques noises. Qu'il se perde dans les méandres du sexe pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle ne le laisserait jamais faire ça, jamais ! Elle serait là pour y veiller et elle n'hésiterait pas à être violente s'il allait trop long et qu'il ne voulait pas s'arrêter. Elle l'empêcherait de sombrer même si pour cela elle devait l'enfermer chez elle le temps qu'il reprenne ses esprits. C'était son Gavriil et elle ne voulait pas qu'il dépérisse.

Bien que son petit discours lui ait ôté toute idée suicidaire de la tête, ses pleurs redoublèrent d'intensité quand elle prit conscience de tout ce qu'elle avait fait pour lui et de ce qu'il était prêt à faire si elle venait à disparaître. Ce dernier point lui montrait à quel point il tenait à elle et même si c'était horrible et égoïste, elle fut touchée par ses paroles. Merlin qu'il était stupide, elle ne méritait pas qu'on meurt pour elle, mais elle était rassurée de savoir que quelqu'un comptait sur elle. En son fort intérieur, elle se promit de ne jamais, ô grand jamais, abandonné son foutu russe qui aimait la faire râler. Parce que dans le fond, elle non plus ne pouvait pas vivre sans lui.

Instinctivement, elle referma ses bras autour de lui quand il vint se blottir contre lui et lui caressa les cheveux, essayant de leur apporter mutuellement du réconfort. Oui, sa décision était prise, elle vivrait pour eux, parce qu'ils avaient besoin loin de l'autre. Pour preuve, il suffisait de voir leur état actuel pour comprendre qu'ils étaient perdus l'un sans l'autre. Chacun était cramponné à l'autre comme à une bouée de sauvetage, mais elle s'en moquait. C'était son petit loukoum et actuellement, c'était la personne qui comptait le plus pour elle sur cette foutue planète. C'était la personne qu'elle aimait le plus au monde, aussi horrible cela soit il pour les autres. Doucement, elle lui releva le visage pour plonger ses yeux dans les siens et l'embrassa sur le front avant de rouler sur le côté pour mieux le prendre dans ses bras. Elle avait besoin de cette étreinte, elle en avait désespérément besoin et elle sentait que Gavriil en avait également besoin.

- Je t'abandonnerais pas Gavriil, je t'abandonnerais jamais, je te le jure. Je suis désolée de t'avoir fait peur, on a qu'à dire que c'était une faiblesse passagère mais ça se reproduira plus. Ou peut être que si, j'en sais rien mais une chose est sûre, je t'abandonnerais jamais. Et tu sais pourquoi ? Parce que t'es un sacré russe qui a un sale caractère encore pire que moi, que tu aimes me faire râler et piquer dans mes réserves d'alcool, parce que t'es beau quand tu souris et que j'adore t'entendre rire. Parce que tu es à la fois un petit frère et une meilleure amie. Parce que je serais perdue sans toi et que j'ai besoin de toi dans ma vie pour me guider et m'empêcher de faire des conneries. Parce que c'est toujours mieux quand t'es là et parce que ta famille fait une vodka d'enfer. Parce que j'adore quand tu m'embêtes et j'adore te pincer les hanches pour te faire râler. T'es une personne magnifique Gavriil, et je comprend parfaitement pourquoi tu fais craquer tout le monde. Sans compter que t'es l'une des filles les plus canons que j'ai vu. Et c'est toutes ces raisons qui font que je t'aime. Et encore, tu n'as même pas idée d'à quel point je t'aime, alors je vais te le dire : tu es, pour moi, la personne qui compte le plus à mes yeux sur cette foutue planète. Je laisserais jamais rien t'arriver si je peux l'empêcher et Merlin sait que je ferais tout pour empêcher qu'on te fasse du mal.

Elle avait prononcé chaque mots qu'elle venait de lui avec une sincérité dont elle ne se savait pas capable. Parce qu'elle pensait chacun des mots qu'elle venait de lui dire. Il était son Gavriil, son petit loukoum, son foutu russe pilleur d'alcool, mais aussi son ami, sa famille, elle serait perdue sans lui, même si ça pouvait sembler ridicule. Elle avait besoin de lui et il avait besoin d'elle. C'était comme ça qu'ils fonctionnaient et ça lui allait très bien. Tant qu'elle aurait Gavriil à ses côtés, elle savait que tout irait pour le mieux.
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Gavriil A. Ivanovski

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeSam 2 Aoû - 23:09

Recroquevillé contre Eden, Gavriil avait peur. Il se sentait tellement faible, tellement impuissant... Il avait envie de disparaître. Non, il ne voulait pas qu'elle meure... Elle ne se rendait pas compte...

Toute sa vie, toute son intégrité ne tenait qu'à un fil, et ce fil, c'était elle. S'il se cassait, il tombait avec elle. Et il était paniqué, paniqué à l'idée qu'elle se laisse aller, qu'il ne puisse rien faire pour empêcher ça, qu'il assiste, inefficace, à sa déchéance... Parce que lui ne voulait pas mourir. Ou plutôt il ne voulait plus mourir. Avec elle, il avait appris la vie, comme celle qu'il vivait avant tout ça.

Avant l'incident. Avant qu'il ne s'éteigne. Il avait oublié ce que c'était que vivre en arrivant à Londres. Il s'était enfermé dans une monotonie, un quotidien, un masque. Et puis il l'avait rencontré et... Et il était redevenu lui-même. Pour la première fois il n'avait pas eu à se cacher. Ça ne lui était plus arrivé depuis des années... ça l'avait soulagé d'un poids énorme, ça lui avait fait du bien. Comme une bouffée d'air frais après être resté trop longtemps sous l'eau.

Chez lui, il n'avait jamais pu être lui-même depuis ce fameux soir. Devant les plus jeunes, il fallait faire croire que tout allait bien. Tout va bien, ne vous inquiétez pas. Qu'ils ne manquent de rien, qu'ils soient heureux. Surtout, les tenir loin de la réalité, la réalité dure, qui blesse et qui marque à jamais. Et devant les adultes, c'était pareil finalement. On était un peu plus cru mais... Mais on les épargnait aussi. Gavriil ne voulaient pas qu'ils portent le poids de sa prostitution, Alekseï le poids de son échec. C'était ainsi. Ils étaient une famille, et ils se protégeaient. Et parfois, protéger quelqu'un signifie lui mentir.

C'était comme ça que le russe avait toujours procédé. Il avait menti en disant qu'il allait mieux à tout le monde, qu'il acceptait sa condition depuis qu'ils avaient quitté la Russie. Mais la vérité, c'était que non. Mais comment aurait-il pu leur avouer ? Ils avaient tout quitté pour lui, il ne pouvait pas leur dire que leurs efforts avaient été vains ! Alors il faisait semblant. Seule Natasha le savait, mais elle était trop jeune pour se rendre de la gravité de la situation.

Voilà dans quel contexte il avait rencontré Eden. Alors qu'il était harassé, épuisé, écrasé par ce faux lui qu'il s'était créé, pour se protéger, lui et les autres. Mais cette carapace avait causé sa perte... Alors elle lui avait tendu la main. A elle, il ne lui avait rien caché. Il n'avait pas cherché à l'épargner.

C'était égoïste et cruel, mais il n'avait rien masqué. Il en avait besoin, alors il avait partagé sa souffrance avec elle. Il lui avait fait porter un poids de plus. Il le savait. C'était cruel... Mais grâce à ça, il avait pu aller mieux. Sa patronne était comme lui. Elle pouvait comprendre, elle. Voilà ce qu'il s'était dit en se confiant à elle. Elle était pareille, ça ne l'enfoncerait pas de le lui dire, parce qu'elle était pareille. Mais au fond il savait... Qu'il l'accablait encore davantage avec ses soucis. Elle n'avait pas besoin de ça en plus... Elle méritait d'être heureuse. Et lui l'en empêchait. Il se servait de sa gentillesse, et elle ne s'en rendait pas compte.

C'était un peu lui qui l'avait tué à petit feu... C'était sa faute si elle était comme ça. Parce qu'il n'avait pas su l'aider... Alors il voulait qu'elle vive ! Sinon il ne se le pardonnerait jamais ! Il ne pourrait jamais vivre avec sa mort sur la conscience... En se disant qu'il n'avait pas pu l'aider... Il se sentait fragile comme un nourrisson au bord d'un précipice. Elle avait le pouvoir de les pousser tous les deux ou de les tirer en sûreté. Elle avait le pouvoir sur sa vie.
Parce qu'à elle, il lui avait tout donné. Le poids de son passé, certes. Mais aussi les bons moments, les souvenirs, et lui, il s'était donné lui, entier, cru, sans mensonges. Ou plutôt, elle l'avait démasqué. Et, épuisé comme il l'était, il n'avait pas eu la force de nier. Il s'était juste laissé porter par lés événements...

Il était confus. Il n'arrivait même plus à réfléchir. Il racontait n'importe quoi. Eden. On s'en foutait qu'il l'ait enfoncé ou pas. Il n'était même pas sûr que ce soit vrai. La seule importance, la seule réalité c'est qu'il avait besoin d'elle pour vivre. Parce qu'après s'être entièrement abandonné à une personne, après lui avoir laissé une partie de son âme, sans cette personne, on n'était pas complet. C'était tout ce qu'il y avait à savoir. Eden était sa famille, mais une famille à qui il pouvait tout dire. Une famille où il pouvait être normal. Parce que c'était tout ce qu'il voulait, lui... Il en avait marre de tout ça.

Il se laissa étreindre, s'agrippant à elle en pleurant à chaude larmes comme un enfant. Oui, c'était ce qu'il voulait être, un enfant. Parce qu'on lui avait volé son innocence trop tôt. Il avait appris à être adulte trop vite, avant même d'être transformé. Il connaissait tout des problèmes de la vie, des difficultés de ses parents, il savait tout. Que l'argent était essentiel, que la vie était dure et injuste, à dix ans il en avait conscience alors qu'il n'aspirait qu'à la tranquillité. Mais encore ça allait, parce que même s'il le savait, il était encore libre. Et puis il avait été mordu. Et ils étaient partis. E Gavriil n'avait plus jamais pu être lui-même. Il ne pouvait pas rester sans rien faire après le sacrifice qu'avaient effectué sa famille. Non, c'était trop égoïste. C'était sa faute s'il étaient tous ici. Il devait prendre les responsabilités de ses actes. Responsabilités. Mais il n'était qu'un gosse, lui ! Un gosse bloqué à ses quatorze ans, qui n'arrivait pas à grandir, qui n'arrivait pas à évoluer !

Veiller sur toute une famille, à peine majeur, comment était ce seulement possible ? Il n'était pas adultes, et la maturité nécessaire à l'être, il avait dû l'apprendre violemment, d'un seul coup, alors qu'il n'était pas prêt. Il voulait se décharger de tout ça, ou au moins être soulagé. Il voulait qu'on le considère lui, en entier, pas juste lui, ce qu'il montrait. Eden avait fait ça pour lui. Elle l'avait démasqué avant de le connaître. Elle le traitait comme il était, dans son ensemble. Avec ses bons, et ses mauvais côtés. Elle le traitait non pas comme un adulte, non pas comme un gamin. Mais comme Gavriil, un petit russe perdu, loin de chez lui, et mal dans sa peau. C'était ce dont il avait besoin. Ce qui l'avait sauvé.

Elle le protégeait. Elle veillait sur lui, et c'était cette tranquille certitude qui le faisait avancer. Comme une grande sœur qui garde un œil sur le petit dernier qui commence à apprendre à marcher. Le petit dernier sait alors qu'il peut tomber. Il peut se faire mal. Elle sera là pour le relever et le consoler. C'est ce qui le poussait vers l'avant, qui le faisait vivre. S'il avait un coup dur, il savait qu'elle serait là pour lui. Mais si elle disparaissait... Il ne serait plus qu'une simple coquille vide...

Il leva vers elle son visage trempé de larmes, sanglotant encore plus fort au fur et à mesure qu'il l'entendait parler. Il pleurait de toutes ses forces dans ses bras, comme un gamin qui se réveille la nuit après un cauchemar, et qui a peur d'être encore prisonnier, là-bas, dans ce monde noir et inquiétant. Ça y est, c'était fini, elle lui avait dit, lui avait promis qu'elle ne l'abandonnerait pas... Elle lui avait promis alors il pouvait la croire... Non ? Il pouvait s'appuyer sur elle comme avant... Ému comme jamais par ses paroles, il était tellement soulagé qu'il en sanglotait encore plus. Il ne pensait pas être la personne la plus importante de quelqu'un sur cette terre... Il ne pensait pas avoir cette valeur. Si elle tenait à lui... Alors est ce qu'il pouvait croire qu'il valait mieux que le rebut qu'il pensait être ? Il avait envie de croire en ce qu'elle lui affirmait... Il avait envie de se sentir normal, de se sentir aimé, et pas d'être utilisé puis jeté comme un vieux mouchoirs par n'importe qui. Il avait envie d'être propre lui aussi, mais c'était impossible... Quand on touchait à la crasse, on était marqué à vie... Il n'y avait plus de retour possible en arrière... Pourtant avec elle... Tout ça n'avait pas d'importance.

-M... Moi aussi je t'aime, Eden... Hoqueta-t-il entre deux larmes. Alors dis plus jamais que tu vas mourir... Me regarde plus jamais comme ça, s'il te plaît Eden... Même si c'est égoïste... Je veux que tu continues à m'aimer... Je ferais n'importe quoi pour ça... Je ferais n'importe quoi pour toiiiiii...

Il enfouit son visage dans son épaule, secoué par ses pleurs.

-T'es qu'une idiote !! T... Tu m'as... Tu m'as fait... Trop peur...

Il ne put pas continuer tant l'émotion nouait sa gorge. Imbécile ! Elle allait le tuer avec ses conneries... Il avait tellement paniqué... Et maintenant il se sentait tellement soulagé qu'il n'arrivait plus à se calmer... Il était à bout de nerfs... Il avait encore peur de lâcher la jeune fille. Peur qu'elle disparaisse s'il le faisait.

-T... Tu disparaîtras p.. Pas, hein ? Demanda-t-il en leva un regard noyé de larmes et d'espoir vers elle. Sinon je s'rais trop triste...

Il se roula en boule contre elle. Il voulait que ça s'arrête... Que cette soirée infernale se termine enfin... Il était si fatigué... Il voulait être un enfant... Il le souhaitait tellement fort... Peut-être qu'avec un peu de chance son corps rétrécirait cette nuit... Mais c'était ridicule. Il était adulte à présent. C'était comme ça. Mais encore un peu... Rien qu'un peu... Être dans ses bras juste un peu, le temps de pleurer... Puis il se reprendrait, il se le promettait...
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Eden K. Winfield

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MessageSujet: Re: Nous sommes pires que ça - Eden   Nous sommes pires que ça - Eden Icon_minitimeDim 3 Aoû - 12:19

Gavriil pleurait dans ses bras et voir des larmes couler le long de son adorable visage d'ange la fit se sentir atrocement coupable. Pourquoi n'avait elle pas pu rester forte ? Elle ne voulait pas rendre son petit russe triste ! Elle voulait être forte pour lui, pour le soutenir et le rendre heureux. Son but à elle c'était de le faire sourire et non pleurer ! Quelle idiote elle faisait ! Le cœur serrait par la tristesse de voir le blond dans cet état, elle essuya ses larmes du bout des doigts et l'embrassa sur le front une nouvelle fois avant de le serrer d'avantage contre elle. Merlin qu'elle l'aimait ! Et s'il lui arrivait quelque chose, elle s'en voudrait pour le restant de ses jours. Pire encore, s'il arrivait malheur à Gavriil, elle risquait de ne pas y survivre. C'était peut être fou ou stupide, mais elle avait besoin de lui pour vivre, elle était perdue sans lui. Eden ne pensait pas dépendre un jour à ce point de quelqu'un, mais la vérité était là et elle assumait. Gavriil faisait parti de son monde, Gavriil était sa famille, Gavriil avait besoin d'elle et elle était là pour lui. Elle le soutiendrait et l'aiderait à s'accepter tel qu'il était. Parce que dans le fond, c'était ça le problème du russe, il se répugnait, il se détestait parce qu'il avait été mordu et que sa famille avait du quitter la Russie à cause de lui.

Il n'arrivait pas à comprendre que sa famille avait fait ça parce qu'elle l'aimait et qu'aucun Ivanovski ne le regrettait. Il n'arrivait pas à concevoir que plutôt qu'un fils faussement heureux, ils préféreraient aider le vrai Gavriil, même s'il souffrait. Elle comprenait qu'il ne leur ait pas dit qu'il se prostituait, elle pouvait concevoir qu'il leur cache des choses, mais il devrait quand même leur parler de ce qui n'allait pas. Plusieurs fois Eden avait songé à se rendre chez le russe pour parler au reste de sa famille, mais elle savait que Gavriil ne lui pardonnerait jamais si elle faisait ça, et elle tenait trop à lui pour le perdre de cette manière. Alors elle essayait de l'aider du mieux qu'elle pouvait et elle s'en sortait plutôt bien non ? Elle arrivait à voir des sourires sincères sur son visage, elle s'amusait avec lui, elle arrivait, dans une certaine mesure, à lui insuffler de la joie. Elle s'efforçait également de rendre sa vie meilleure, en lui apprenant des sortilèges qui pourraient lui être utile. Elle n'approuvait pas le fait qu'il se prostituait alors elle lui apprenait à se défendre contre ses clients au cas où il en aurait besoin.

- Je suis désolée Gavriil, tellement désolée... Je voulais pas te faire peur... T'as raison, je suis qu'une idiote, mais une idiote qui t'abandonneras jamais d'accord ? Je t'abandonnerais jamais, je te le jure ce que j'ai de plus cher, plutôt mourir que de te laisser seul. Et puis, j'ai besoin de toi... Si je t'abandonne, qui sera là pour me piquer ma vodka cerise hein ? Sèche tes larmes mon petit loukoum, j'ai pas te voir pleurer...

Déjà qu'elle avait eu du mal à sécher ses larmes, s'il continuait ainsi, elle allait se remettre à pleurer également, mais elle comprenait son état. Il était à bout de nerfs, elle aussi d'ailleurs. Ils avaient eu une soirée difficile et ils avaient tous les deux envie que ça se termine. Il était fatigué, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, et elle aussi l'était. Elle aurait pu lui dire de rentrer chez lui et d'aller se coucher, mais elle n'en fit rien. C'était peut être égoïste, mais elle avait envie qu'il reste avec elle. Elle n'avait pas envie de rentrer dans son appartement désespérément vide et elle voulait avoir le blond près d'elle. Ils pouvaient très bien passer la nuit ici, dans ce lit, à l'arrière du bar, mais avec sa crise de larmes, il ne parviendrait jamais à fermer l’œil. Aussi se mit elle à lui frotter le dos avec douceur pour le calmer tout en lui chantant la berceuse qu'elle avait l'habitude de chanter à Morgan, lorsqu'il était enfant et qu'il venait la rejoindre dans son lit après un cauchemar. Ça faisait des années qu'elle ne l'avait pas chantée, mais elle s'en souvenait comme si c'était hier, et elle espérait que ça marcherait sur le russe aussi bien que sur son petit frère.
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