J'AI DE LA PERSONNALITÉ › D'un naturel rêveur, Benoît – ou Ben comme on l'appelle généralement – a souvent la tête dans les étoiles, comme s'il vivait dans un monde à part. Ce qui est un peu le cas, il vit dans un monde fait de glaces, de pâtisseries et de peluches en tout genre (un monde gouverné par son panda en peluche...). Etant naïf – beaucoup trop pour son propre bien – il a tendance à ne se méfier de personne, voir de faire confiance à tout le monde, à l'exception des gens qui lui veulent clairement du mal. Toujours souriant et serviable, il n'hésite pas à faire passer les autres avant lui et fait tout son possible pour que son entourage soit heureux. Benoît manque cruellement de confiance en lui, aussi doute-t-il de tout ce qu'il entreprend – sauf lorsqu'il s'agit de glaces ou de gâteaux curieusement – et il craint de décevoir ses proches ou de les blesser involontairement. Il est également du genre à faire une montagne d'un rien, ainsi donc lorsqu'il fait une bêtise ou une erreur – même infime ou imaginaire dans certains cas – il est du genre à s'excuser un milliard de fois avant de comprendre qu'on ne lui en veut pas. Exaspérant ? Il l'est sans doute, mais il sait se faire pardonner, soit avec sa petite bouille adorable, soit avec l'une des sucreries dont il a le secret !

L'histoire de Benoît Florian Fortarôme commence curieusement puisque, en effet, il vit le jour chez le célèbre glacier Florian Fortarôme – son père donc. En ce 17 décembre 1988, Madame Fortarôme avait accompagné son mari sur son lieu de travail, bien qu'étant enceinte de bientôt huit mois, elle avait tenu à donner un coup de main au glacier pour les commandes de bûches glacées qu'il avait reçu pour noël. La journée avançait plutôt bien, les bûches avançaient et une atmosphère détendue régnait dans la cuisine de la petite boutique, enfin jusqu'à ce que l'heureuse future maman n'entreprenne de faire un gâteau au chocolat. Les contractions commencèrent pendant qu'elle préparait la pâte, mais elle ne s'inquiéta pas outre mesure, après tout, elle en avait déjà eu, mais à peine le gâteau fut-il sorti du four qu'elle perdit les eaux. Son pauvre mari, quelque peu dépassé par les événements, n'eut même pas le temps de l'emmener dans un hôpital – moldu puisque sa femme était une moldue – que le travail avait commençait. Benoît vit donc le jour dans le magasin familiale, heureusement ses parents – de grands optimistes tous les deux – prirent ça à la rigolade et à chacun de ses anniversaires, Benoît a le droit à un gâteau au chocolat mais aussi aux commentaires de ses parents sur cette naissance quelque peu particulière, . « Tu voulais à tout prix sortir pour manger le gâteau » s'amusait souvent à le charrier son père tandis que sa mère répliquait « Au moins il a eu la décence d'attendre qu'il sorte du four pour pointer le bout de son nez ! ».

Vous l'aurez compris, la vie de Benoît Fortarôme était pleine de joie, de rire mais aussi de glaces et de pâtisseries – avec une mère pâtissière, il n'y a rien de plus normal. Il eut droit à une enfance heureuse et ce fut très tôt qu'il se prit de passion pour le métier de ses parents. À cinq ans, il rêvait déjà de devenir le meilleur « pâtissierglacier » - en un seul mot – de Londres, alors quand, pour son anniversaire, il reçut « mon premier kit de pâtissier » il fut aux anges et s'attela à préparer une tonne de recettes inédites pour le plus grand malheur de ses parents – il fallait avouer qu'il n'était pas très doué à ses débuts – qui pourtant affirmaient avec le sourire qu'ils n'avaient jamais rien mangé de meilleur auparavant. Néanmoins, histoire de limiter les dégâts, ses parents décidèrent de lui apprendre les bases de leur métier respective parce que, clairement, déguster une glace à l'herbe – oui, oui à l'herbe, vous savez cette chose verte qui pousse dehors – sur un moelleux aux chocolat où le chocolat avait été remplacé par de la glace au chocolat fondu parce que la tablette avait destiné au gâteau avait mystérieusement disparue – dans le ventre de Benoît évidemment – n'allait pas assurer leur longévité. Mais malgré ces quelques déboires en cuisine, monsieur et madame Fortarôme aimaient réellement leur fils, il était à leurs yeux leur bien le plus précieux, et ils prirent soin de son éducation. Maman s'occupant de lui apprendre à lire et à écrire, ainsi que les bases de l'histoire moldu et papa s'occupant des mathématiques – une véritable catastrophe d'ailleurs – et de l'histoire de la magie – qui, étrangement, passionna l'enfant. Ce fut l'été de ses huit ans que Benoît fit, pour la première fois, preuve de talent magique et d'une manière qui n'étonna personne. Ce jour là, il faisait étrangement chaud et le garçon rêvait d'une glace. Glace que son père ne voulait pas lui donner, juste pour l'embêter, il la mettait hors de porter de son fils alors que la coupe était déjà prête ! Alors, contre toute attente, la coupe de glace – qui était jusque là posée sur une étagère – se mit à léviter jusqu'au petit garçon qui s'enfuie avec en riant sous les méduser mais plein de fierté de son père.

Ce fut sans grande surprise qu'il reçut sa lettre pour Poudlard lorsqu'il eut onze ans et son père l'emmena, avec une fierté légitime, faire ses achats sur le chemin de traverse. Malheureusement, durant toute l'après-midi Benoît le harcela de questions, non pas sur l'école en elle-même comme on pouvait s'y attendre, mais sur ses cuisines et son accessibilité. Comprenez, à onze ans déjà, il désespérait de ne pas pouvoir confectionner des gâteaux durant son temps libre. Amusé, Florian s'efforça de répondre à ses questions en tâchant de lui expliquer que son temps libre serait majoritairement occupé pour qu'il puisse faire ses devoirs et s'exerçait à la magie, mais rien à faire. Ce ne fut que lorsqu'il lui promit qu'il pourrait tester toutes les recettes qu'il voudrait pendant les vacances que Benoît consentit à changer de sujet. Néanmoins, pendant que monsieur Ollivanders lui soumettait plusieurs baguettes magiques, il trouva le moyen de lui demander si « les vieux aussi ça aimait les glaces et les gâteaux ». En voyant le regard horrifié et terriblement gêné de son père, l'enfant comprit qu'il venait de faire une bêtise et se confondit en excuses et bien que le fabricant de baguette ne se soit pas senti offensé par la question – après tout il était vieux non ? - ça n'empêcha pas Benoît de lui préparer une énorme tarte aux fraises pour se faire pardonner.

Le premier septembre cette année-là, ce fut un Benoît tout anxieux qui se rendit, avec ses parents, à la gare pour monter dans le Poudlard express. Au moment de monter dans le train, le petit brun décréta que finalement, on avait pas besoin de diplôme pour devenir pâtissier et que donc, il n'était pas obligé d'aller à Poudlard, alors qu'en réalité, il avait juste peur de se retrouver seul là-bas. Heureusement, sa mère, qui avait bien compris cela, avait prévu que ça arriverait et lui offrit un énorme panda en peluche pour qu'il ne soit pas tout seul. Rassuré, le petit finit par monter dans le train – non sans avoir fait promettre un million de fois à ses parents de ne pas l'oublier – qui le conduisit à Poudlard. Une fois arrivé au château, il dut mettre un étrange chapeau sur sa tête et bien que l'accessoire l'effraya un peu, il prit place sur le tabouret et laissa le professeur le poser sur sa tête. Par contre, quand il entendit la voix de ce qu'il décida être un chapeau hanté dans sa tête, il faillit bien partir en courant et s'enfuir du château à la nage s'il le fallait – imaginez un peu sa surprise s'il l'avait fait et qu'il était tombé sur la calmar géant ! - mais avant qu'il n'ait eu le temps d'esquisser le moindre geste, le choixpeau l'envoya à Poufsouffle et il se retrouva débarrasser de l'objet de torture. Dans sa hâte de s'éloigner du drôle de chapeau hanté, il trébucha en descendant de l'estrade mais, heureusement, on le rattrapa et il put rejoindre la table des jaunes et noirs et savourer un délicieux dîner avec ses camarades.

Ses premières années au château se passèrent bien même si, avouons-le, Benoît se sentait absolument ridicule lorsqu'il avait sa baguette à la main. Non pas qu'avoir un bout de bois dans la main le dérangeait – après tout, il avait l'habitude d'utiliser des cuillères en bois pour faire ses gâteaux – mais il n'arrivait à rien avec sa baguette, ou plutôt il n'obtenait que des résultats moyens. Et ça malgré tout ses efforts pour s'améliorer ! Résultats des courses, il finit par arrêter de bosser les matières pratiques et se concentra sur celles qui ne nécessitait pas de baguette magique. Grâce à son père et à ses anecdotes il avait un excellent niveau en histoire de la magie, sans grande surprise il découvrit qu'il était doué pour les potions – après tout, c'était comme les gâteaux, il suffisait de suivre la recette – mais il s'avéra aussi qu'il était doué en botanique, même si quelques plantes avaient bien faillit l'attaquer et avoir raison de lui à cause de sa naïveté. Malheureusement, quand arrivaient les cours de sortilège, défense contre les forces du mal et métamorphose, c'était une toute autre histoire, et un véritable calvaire pour lui. Non content de ne réussir à lancer correctement le sortilège adéquat qu'une fois sur quinze, il devait – en plus – subir les railleries de ses camarades. Mais malgré ses grosses lacunes, il parvenait à atteindre la moyenne à la fin de l'année et ainsi, il évitait de justesse le redoublement. Quand il dut choisir ses options en troisième année, il opta, sans grande surprise, pour la divination – d'ailleurs, il se révéla doué pour inventer des histoires toutes plus abracadabrantes les unes que les autres – et soins aux créatures magiques, bien qu'il se découvrit une fâcheuse tendance à s'attacher à toutes les bestioles qu'ils étudiaient en cours et à ne se méfier d'aucune d'elle – faisant bondir d'horreur l'infirmière quand il lui expliqua qu'il était couvert de brûlures parce qu'il avait laissé une salamandre lui faire un câlin. En somme, sa scolarité se passa sans encombres, du moins jusqu'à sa dernière année.

Depuis quelques mois déjà, il trouvait étrange de s'attarder plus longuement sur les fesses des garçons qui passaient devant lui que sur les courbes de ses camarades féminines qui commençaient à se développer. Inquiet, il eut, l'été après sa sixième année, une conversation avec son père qui lui conseilla, pour être fixé, d'embrasser, durant l'été, une fille et un garçon pour être fixé une bonne fois pour toute sur son orientation sexuelle. Il commença donc à mener sa petite enquête et découvrit bien vite, non pas qu'il était gay, mais que demander aux gens s'il pouvait les embrasser de but en blanc n'était pas franchement une bonne idée. Finalement, ce fut une petite blonde, toute mignonne, de deux ans son aînée, qui obtint son premier baiser, mais s'il fit bonne figure devant elle, une fois qu'elle eut disparu, il alla se brosser trois fois les dents pour faire partir le goût de son baiser qu'il avait trouvé baveux et dégoûtant. Puis il dut attendre la fin des vacances d'été pour embrasser – ou plutôt se faire embrasser – par un garçon derrière le magasin de son père quelques jours à la rentrée, mais comble du malheur, il avait été surpris par un horrible serpentard qui se faisait un devoir de lui pourrir l'existence avec sa bandes de caniches rasés depuis leur première année. Sans surprise, quand il revint au château pour sa dernière année, les rumeurs allaient bon train sur son dos – toutes lancées par la même et horrible personne qu'était son tortionnaire – et ce fut sans doutes à cause de ça qu'il mit longtemps à assumer son homosexualité. Pendant des semaines, il se fit embêter par le serpentard et sa petite troupe, et bien qu'il s'efforçait d'ignorer leurs remarques et leurs moqueries, elles touchaient – à chaque fois – la corde sensible et lui faisait horriblement de mal. Toute cette histoire atteignit son paroxysme lorsque l'un des serpentard qui l'embêtait le coinça dans un couloir isolé, contre un mur plus particulièrement, et entreprit de le défaire de sa chemise en lui détaillant toutes les horreurs qu'il comptait bien lui faire. Il ne sut jamais si tout ça n'était qu'une affreuse plaisanterie ou si le serpentard était sérieux, mais tous les jours jusqu'à la fin de l'année, il remercia Merlin d'avoir envoyé quelqu'un – bien qu'il ne savait pas qui – pour le sortir de là. Même si les rumeurs et les brimades cessèrent peu après ça, ces quelques semaines d'horreur le décidèrent à quitter l'Angleterre quelques temps.

Après avoir obtenu ses ASPICs, il quitta donc la grisaille de Londres pour le soleil du sud de la France où il trouva un pâtissier sorcier qui accepta de la former. Pendant donc deux ans, il séjourna dans un petit village et transplaner tous les matins vers la boutique dans laquelle il travaillait et parfaisait ses connaissances en pâtisseries, après tout, jusqu'à présent sa mère ne lui avait appris que le savoir-faire moldus puisqu'elle ne connaissait pas les méthodes sorcières, et il s'était qu'à son retour en Angleterre, il allait lui faire une démonstration de tout ce qu'il avait appris. La vie en France lui changeait de ses années à Poudlard, on ne se moquait plus de lui dès qu'il avait une baguette dans la main et on le félicitait même pour son travail – il fallait avouer qu'il était plutôt doué dans son domaine. Mais surtout, son séjour en France lui permit de pleinement assumer son homosexualité, et tout ça grâce à Florian – la coïncidence l'avait d'ailleurs beaucoup amusé – un sorcier un peu plus âgé que lui, qui venait souvent acheter ses pâtisseries. À force de le voir dans la boutique, Benoît avait fini par lui parler et il avait découvert qu'il était très gentil et qu'il était bourré de charme. Au bout de plusieurs semaines, ils décidèrent de tenter leur chance et sautèrent le pas, formant un charmant petit couple qui vivait pleinement chaque jours qu'ils passaient ensembles puisqu'ils n'avaient que trop conscience qu'ils n'avaient plus qu'un an pour eux. Aussi, quand vint le moment pour eux de se séparer, ils le firent sans regret, et ils se promirent de rester en contact, ce que Benoît s'est appliqué à faire avec soin, lui écrivant au moins une fois par mois.

Après la France, ce fut à Rome que Benoît posa ses valises pour apprendre à faire des glaces à l'italienne mais aussi pour y découvrir de nouveaux parfums de glaces et de milk-shakes. Malheureusement, au bout d'un an, il décida de mettre les voiles et de rentrer à Londres suite à un traumatisme. Julio, son petit ami depuis quelques semaines au moment des faits, était un moldu très entouré qui aimait faire la fête, et bien que ce ne soit pas la tasse de thé du pâtissier anglais, ce dernier avait accepté de l'accompagner à l'une de ses soirées. Bien mal lui en prit puisqu'il se retrouva seul dans son coin une grande partie de la soirée, son cher Julio préférant se saouler avec ses amis. Peu désireux d'être plus longtemps délaissé et exténué par la journée qu'il avait passé, Benoît avait fini par trouver refuge dans l'une des chambres de leur hôte et s'y était installé pour la nuit, et à peine fut-il couché qu'il s'endormit comme une masse, ce qui rendit le réveil d'autant plus brutal. Au beau milieu de la nuit, un des invités de la soirée s'était glissé dans son lit et s'était montré très entreprenant, le confondant vraisemblablement avec quelqu'un d'autre à cause des litres d'alcool qu'il avait but. Le pauvre anglais avait beau avoir essayé de le repousser, il n'avait pas pu grand chose face à cet homme qui faisait deux fois sa taille. Heureusement, il fut sauvé par la charmante demoiselle qui les avait accueillit pour la soirée et qui assomma le malotrus, délivrant ainsi Benoît d'un véritable cauchemar. Le lendemain, sans prendre la peine de prévenir personne, il quitta l'Italie et regagna Londres où il retrouva le confort et la sûreté de la maison de ses parents.

De retour dans son pays natal, il devint l'associer de son père qui accepta, après quelques semaines d'essais, de transformer son magasin de glaces en magasins de glaces et de pâtisseries. Cependant, ce n'était pas la seule surprise qui l'attendait, quelques jours après son retour, il retrouva l'un de ses camarades de Poudlard qui lui avoua un peu timidement et maladroitement qu'il craquait pour lui depuis leur dernière année et Benoît, désireux d'oublier le traumatisme qu'il avait subit en Italie accepta de sortir avec lui, et même s'il n'était pas amoureux, ils restèrent ensembles pendant deux ans – peut être que le fait qu'ils ne se voyaient pas régulièrement avait aidé. Mais le plus surprenant fut la réapparition de son admirateur secret qui lui avait envoyé, cette fois-ci, un pull pour lui souhaiter un bon retour en Angleterre, ce n'était que la deuxième fois qu'il se manifestait, mais comme la première fois, ce cadeau lui fit énormément chaud au cœur. Même si ce n'était rien comparé au premier. Alors qu'il était en septième année, il avait reçu de lui – du moins il supposait que c'était la même personne – une magnifique montre qui lui avait remonté le moral à un moment où il en avait eu bien besoin. En fait, son admirateur se manifestait quand il en avait le plus besoin, à croire qu'il savait quand le pâtissier n'allait pas bien.

Une routine ne mit pas bien longtemps à s'installer dans la vie de Benoît, il avait fini par se trouver un petit appartement sympa dans un immeuble du Londres sorcier, il était douillet et en plus, il avait des voisins très gentil. Tous les matins il retrouvait son père au magasin où il travaillait tous les deux dans la bonne humeur. Du moins, jusqu'à l'année de ses 23 ans où Florian Fortarôme décida qu'il était temps de prendre sa retraite afin de profiter qu'il soit encore assez en forme pour emmener sa charmante femme faire le tour du monde, ce fut ainsi que Benoît se retrouva propriétaire de la boutique familiale.