Once upon a Dream ~ Aleksei

**Eden K. Winfield** *administratrice* ϟ PARCHEMINS : 175

Once upon a Dream

Le 5 mars 2014

Sur les conseils de Gavriil, Eden avait accepter un rendez-vous avec l'un des types qui livraient de l'alcool à son bar – celui chargé de l'hydromel pour être exacte – dont elle ne se souvenait pas le nom. Peut être était-ce Vincent ou bien Pascal... Bah peut importe au final, elle pourrait se débrouiller sans connaître son prénom après tout. Le russe lui avait conseillé d'accepter – alors qu'elle avait plutôt envie de l'envoyer paître – parce que ça la détendrait de le remettre à sa place et il fallait avouer qu'il en avait grand besoin ! Entre son air prétentieux et son attitude de macho, Eden l'avait tout de suite trouvé antipathique ! Alors quand il avait commencé à lui faire du rentre dedans – parce qu'il n'y avait pas d'autre termes pour qualifier ce qu'il faisait – en étant persuadé qu'elle était folle de lui et qu'elle lui tomberait naturellement dans les bras – et qu'il pourrait la réduire en esclavage par la même occasion – elle s'était sentie insultée et presque souillée. Finalement, elle avait trouvé l'idée de Gavriil plutôt alléchante et avait accepter de déjeuner avec ce lourdaud.

Elle s'était donc préparée après s'être levée à onze heure – réveil difficile vu qu'elle était rentrée tard après avoir fermé le bar – et avoir avalé une grande tasse de thé. Elle avait ensuite mis une jupe qui moulait ses fesses sans être vulgaire avec une longueur correcte, une paire de collant noir et un corsage crème qui la mettait en valeur. Elle avait également laissé ses cheveux détachés – le naturel lui allait s'y bien – et s'était légèrement maquillée pour faire ressortir ses yeux. Mettre du rouge à lèvres alors qu'elle allait déjeuner dans un restaurant étant une mauvaise idée, la brune s'abstint donc et décida de partir. Elle enfila donc sa cape – en velours noir doublée de soie rouge avec des attaches en argent – et sortit de son appartement. Elle arriva au restaurant pile à l'heure, la ponctualité était quelque chose qui lui tenait à cœur, sans doute un reste de son éducation d'héritière sang pur, et entra dans l'établissement dans lequel on l'installa dans un coin tranquille duquel elle avait une vue imprenable sur l'entrée.

La demoiselle attendait, le bougre qui l'avait invité avait le culot d'être en retard ! Par deux fois déjà elle avait dit aux serveurs qu'elle préférait attendre encore un peu – autant laisser une chance à ce crétin fini. Poussant un soupir, elle sortit sa montre à gousset en argent – bijou de famille – et constata avec agacement que l'autre andouille avait plus de vingt minutes de retard ! Finalement, elle allait déjeuner seule – et trouver un autre livreur d'hydromel par la même occasion ! Ouvrant le menu, elle fit rapidement son choix – force était de constater que les plats donnaient l'eau à la bouche – et choisit de s'offrir un verre de vin – français bien entendu – pour accompagner tout ça et surtout pour se remettre de la cuisante humiliation qu'elle était en train d'essuyer. Ah ça, il allait le regretter, parole d'Eden ! Elle allait lui passer l'envie de recommencer et l'envie d'approcher ne serait ce qu'une autre femme ! Elle fit donc signe à un serveur – plutôt mignon elle devait le reconnaître – et il s'approcha avec un grand sourire qu'elle trouva presque candide – mais néanmoins adorable bien qu'elle n'osa pas le formuler en pensées.

- Bonjour mademoiselle, vous avez fait votre choix ? Lui demanda l'homme qui s'était arrêté devant elle.

Sans plus attendre, elle passa sa commande avant de le détailler les sourcils légèrement froncés. Cet homme lui rappelait vaguement quelqu'un et il ne lui fallut pas longtemps pour mettre un nom sur ce quelqu'un. Il avait le même accent de Gavriil ! Même si celui du serveur était plus prononcé que celui du blond. Cheveux clairs, yeux bleus-gris, grand, sans parler d'une très légère ressemblance dans ses traits, aucun doute, c'était un Ivanovski ! Par contre, elle n'aurait su dire s'il s'agissait d'Aleksei ou de Nikolai mais au moins elle était sûre qu'il ne s'agissait pas de Nikita. Une petit sourire s'étala sur ses lèvres tandis qu'elle continuait de l'observer. Il était vraiment bel homme dans son genre, mais il faisait un peu trop innocent à son goût.

- Vous ne seriez pas un Ivanovski par le plus grand des hasard ?

Question purement formelle puisqu'elle avait déjà conclu que c'était le cas mais bon, elle avait un minimum de politesse. D'autant plus qu'elle se voyait mal lui dire « t'es lequel des frères de Gavriil ? Oui je connais ton frère on a déjà couché ensembles ». Non vraiment, très mauvaise idée de commencer une conversation de la sorte.

**Aleksei V. Ivanovski** *sorcier(e)* ϟ PARCHEMINS : 216

Once Upon A Dream

Le 5 Mars

-Ivanki !

La voix bourrue de son patron résonna à travers toute la cuisine. Et voilà, il fallait toujours qu'il écorche son nom. Ivanovski, ce n'était quand même pas très compliqué ! Ivanovski ! Il y avait des russes avec des noms bien pire ! Pourquoi s'acharner sur lui ?! Mais bon, il n'osait pas lui faire la remarque. Il doutait que l'homme apprécie, surtout qu'il était bien possible qu'il le fasse exprès. Et puis, il tenait bien trop à son semblant d'emploi pour se faire virer si stupidement... Déjà que c'était un miracle qu'il n'ait jamais été renvoyé avec toutes ses maladresses !

-Ivanki !!

Le jeune homme s'empressa de poser sa poubelle par terre et de slalomer entre les cuisiniers pour arriver jusqu'à la voix, faisant bien attention à ne rein renverser au passage -une fois avait suffit.

-Oui monsieur ?

-En salle ! On a besoin de bras.

Le patron s'éloigna sans plus de cérémonie, laissant Alekseï en plan. Mais il ne s'en formalisa pas, après tout c'était comme ça tout le temps, le maître des lieux n'était pas connu pour sa politesse... Tout content d'avoir une autre activité que le ramassage des ordures, le brun se hâta d'aller se munir d'un tablier et d'un bloc note pour les commandes. Il aimait bien faire le serveur, ça n'arrivait pas tous les jours, c'était surtout les samedis midi ou les jours de forte affluence. Ou alors quand un salarié était absent. C'était toujours lui qui dépannait, évidemment, on pouvait le mettre à la porte à la moindre protestation... Cela dit, il doutait qu'on puisse trouver facilement une personne qui se plaignait aussi peu et qui acceptait sans rechigner toutes les tâches qu'on lui imposait. Faire la vaisselle en accéléré, laver le sol tard le soir ou tôt le matin, rester jusqu'à pas d'heure pour tout nettoyer... Finalement il était assez précieux ! Mais bon... Pas assez pour être bien payé ou bien traité. Enfin il y avait pire comme traitement alors il n'allait pas se plaindre !

Il ouvrit la porte des cuisines et s'engouffra dans la salle. Ouh là ! C'est qu'il y avait du monde... Il avança vers la première table qu'il vit et prit quelques commandes. Le rythme était soutenu, mais il avait déjà vécu pire. Et puis, il aimait bien cette ambiance, le joyeux brouhaha d'une dizaine de conversations, le raclement des chaises, le bruit des couverts... Il se sentait bien, ça le mettait de bonne humeur.

Meilleure que de rester en cuisine à regarder des gens faire un travail que vous aimeriez avoir. Il était un peu jaloux d'eux, surtout lorsqu'ils se plaignaient ! De quoi râlaient-ils ? Ils avaient un super emploi ! Et en plus ils pouvaient faire ce qui leur plaisaient... Il secoua la tête. Ce n'était pas le moment de penser à ça ! Il avait pleins de clients à satisfaire, et s'il commençait à avoir l'esprit ailleurs, il allait provoquer des catastrophes.

Alors qu'il amenait les assiettes de crudités à toute une tablée de végétariens, il aperçut du coin de l'oeil une demoiselle seule qui semblait attendre. Étant le plus proche, dès les plats posés, il se pressa vers elle et se posta devant, son crayon et son bloc note prêt à noter. Il lui avait fallu un moment pour arrêter d'écrire russe, parce que les cuisiniers ne pouvaient pas comprendre. Mais il mettait beaucoup plus de temps à écrire anglais, et en plus il faisait des fautes ! Il était la risée des employés à cause de ça d'ailleurs... Mais quand il était arrivé en Angleterre, il avait appris l'oral en priorité ! Ce n'était que plus tard qu'il s'était mis à l'écriture et s'était diablement compliqué ! Gavriil se plaisait à lui répéter qu'il écrivait avec « les jolies boucles d'un enfants de primaires » et que c'était mignon, mais lui n'était pas de cet avis...

Enfin bref. Il leva la tête vers le jeune femme qui avait l'air un peu maussade. Zut, il espérait qu'elle n'avait pas trop attendu de serveur !

-Bonjour mademoiselle, vous avez fait votre choix ? Demanda-t-il avec un sourire aimable.

A force de le répéter, la phrase sortait plus naturellement que les bonjours qu'il adressait au reste de ses collègues quand il arrivait. Il nota sa commande avec application, essayant de bien écrire pour être lisible, mais en allant tout de même le plus vite possible. Comment faisaient les autres pour tout noter si rapidement ?! Il avait presque fini quand un petit sursaut fit dévier la mine de crayon, traçant un gros trait au milieu de son écriture.

Il releva la tête, les yeux ronds comme des boursoufs. Quoi ? Qu'avait-elle dit ? Mais... Mais comment savait-elle... ?! Il détailla la cliente. Peut-être l'avait-il déjà vu avant ? Elle avait de jolis yeux noirs profonds qui lui donnaient un air mystérieux, des cheveux bruns foncés et une silhouette agréable. Alekseï était certain de ne l'avoir jamais vu. Il avait une mémoire assez bonne, et même ! Elle était belle, s'il l'avait croisé il s'en serait souvenu ! Peut-être était-ce un agent du Ministère sous couverture venu lui dire que comme il n'avait pas de papiers il allait avoir des ennuis ?! Non... Elle serait venu chez lui.... Alors quoi ?

-Euuuh... Oui, en effet... Finit-il par répondre avec une mine déconfite au bout de quelques secondes de silence. Hum... Comment... Le savez vous ?

Pour le coup, il était complètement pris au dépourvu. Et un peu gêné. Parce que si jamais il l'avait réellement croisé avant, elle risquait d'être offensée ! Et ce n'était pas du tout ce qu'il souhaitait...

**Eden K. Winfield** *administratrice* ϟ PARCHEMINS : 175

Once upon a Dream

Le 5 mars 2014

En voyant la tête déconfite du serveur quand elle lui demanda s'il appartenait à la famille Ivanovski, la brune ne put s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Merlin mais qu'avait il imaginé pour faire une tête pareil ? Elle ne voulait pas l'effrayer elle ! Maintenant qu'elle y pensait, elle savait que la famille de Gavriil n'avait pas de papiers, il avait peut être cru qu'elle faisait partie de ces gens qui renvoyaient les immigrants clandestins chez eux ? Enfin bon, le problème ne se poserait bientôt plus puisqu'elle était en train de leur obtenir des papiers tout ce qu'il y avait de plus en règles. Bien entendu, elle n'avait rien dit de tout ça à son russe préféré parce qu'elle savait qu'il aurait râlé. Il passait son temps à râler dès qu'elle voulait faire quelque chose pour lui alors qu'au fond il était content. Non mais vraiment, il était pas possible ce foutu russe ! Mais bon, elle l'aimait mine de rien son petit loukoum, et il était toujours là pour elle quand elle en avait besoin – et Merlin savait qu'elle avait besoin de lui – et réciproquement. C'était comme ça qu'ils fonctionnaient : ils pouvaient compter l'un sur l'autre et se faire confiance. Ils ne se jugeaient et ils faisaient tout leur possible pour s'aider mutuellement. Si Kendra avait perdu sa famille – à l'exception de son frère mais étant donné qu'il avait perdu la mémoire, elle était comme une étrangère pour lui – Eden avait trouvé la sienne en la personne de Gavriil. Elle avait conscience que ça ferait de la peine à Améthyste si elle l'apprenait mais au jour d'aujourd'hui, elle savait qu'elle pouvait plus compter sur le blond que sur celle qui fut, durant longtemps, sa meilleure amie.

- Désolée, je ne voulais pas vous faire peur, assura-t-elle avec un beau sourire enjôleur. Et je ne vous veux aucun mal, promis.

Comment savait elle qu'il faisait parti de la famille Ivanovski ? Voilà une question qui nécessité une réponse sérieusement réfléchie. Elle ne pouvait pas lui répondre « je suis la folle qui a embauché ton frère et qui s'efforce de le dévergondé, ou plutôt de me laisser dévergondé » ou encore « comment je le sais ? Oh je fournis juste du tue loup à ton petit frère ». Non décidément, ce n'était pas vraiment des réponses appropriées. Finalement, le mieux restait encore de faire dans la simplicité, mais ça lui arrivait tellement peu souvent qu'elle avait peur d'avoir oublié comment faire.

- En fait, je l'ai deviné parce que tu as le même accent que ton frère, même si le sien est plus tenu, et que vous vous ressemblez un peu aussi. Je m'appelle Eden, Eden Winfield, Gavriil travaille avec moi au Helly Heaven, si ça te dit quelque chose... Lequel de ses grands frères es tu ? Aleksei ou Nikolai ? Je n'ai malheureusement pas la chance de pouvoir mettre un visage sur ces noms.

Bon la vraie question était en fait de savoir s'il était le frère marié ou non. Sérieusement, Gavriil avait des mecs canons comme ça dans sa famille et il n'avait jamais songé à lui présenter ses frères ?! Il allait l'entendre celui là ! Elle serait ravie de les familiariser avec la langue anglaises, surtout le blond qui lui faisait face. Ou plutôt, elle serait enchantée de le familiariser avec sa langue à elle. Enfin, elle ne devait pas penser à ça et garder des pensées beaucoup plus saine à l'esprit. C'est qu'elle allait finir par le traumatiser le petit ange avec de telles pensées pleine de perversité ! Elle passait tellement de temps avec son petit loukoum qu'elle allait finir par croire que tous les russes – ou tous les Ivanovski – étaient aussi dévergondés que lui, alors que c'était faux. D'autant plus que celui là avait une bouille d'ange tellement innocente qu'elle doutait fort qu'il soit capable de faire preuve d'autant de perversité qu'elle ou Gavriil. Non vraiment, elle ferait mieux de se calmer, mais elle avait bien envie de passer un peu de temps avec lui et, une chance pour elle, elle connaissait plutôt bien le propriétaire de ce restaurant.

- Pour me faire pardonner de vous avoir effrayé, je vous offre ce que vous voulez sur la carte. Votre patron ne vous fera aucune remarques rassurez vous, c'est un habitué de mon bar et il ne voudrait pas me mettre à dos croyez moi. Mais si vous voulez lui demander confirmation, je vous en prie, allez lui poser la question, je vous attends là promis.

En même temps, elle n'avait pas trop le choix. Elle avait eu rendez vous ici, on lui avait posé un lapin, elle refusait de partir sans déjeuner non plus ! D'autant plus qu'elle venait de rencontrer un charmant jeune homme avec qui elle aimerait faire plus ample connaissance. Elle serait stupide de ne pas en profiter et puis, si ça pouvait effacer l'affront qu'on venait de lui faire en la laissant en plan alors qu'on lui donnait un rendez vous galant ! Non mais, quel goujat l'autre abruti qui avait osé lui faire ça ! Parole d'Eden, il allait le regretter amèrement ! Et même chastement !

**Aleksei V. Ivanovski** *sorcier(e)* ϟ PARCHEMINS : 216

Once Upon A Dream

Le 5 Mars

Debout devant la jeune femme, Alekseï n'arrivait pas à bouger, se contentant de la fixer stupidement. Mais pourquoi ?! D'abord un parfait inconnu lui racontait d'un ton badin l'histoire de sa famille comme si c'était tout à fait normal qu'il soit au courant -et Lyohka avait demandé à Gavriil si leur passé était connu, et son frère lui avait bien affirmé que non- alors que pas du tout, et maintenant une étrangère qui devinait qui il était avant qu'il ait même pu se présenter ?! Il devait y avoir quelque chose, ce n'était pas possible autrement ! Étaient-ils passés à la Gazette à leur insu ? Non, son cadet l'aurait su, il savait toujours tout ce qui se passait dans cette ville... Mais alors quoi ?! Une conspiration ? En plus la cliente avait l'air de le sonder avec ses yeux noirs... Comme si elle lisait ses pensées... Aaaaah !!! Mais qu'avait-il donc fait pour mériter ça ?! Il n'était qu'un pauvre commis aux poubelles, il n'avait rien demandé, lui ! Et si elle était réellement du Ministère ?!

Elle l'observait peut-être dans sa vie quotidienne avant d'aller sonner chez eux pour les envoyer tous à Azkaban ? Il imagina sa famille derrière les barreaux et retint un frisson. Non, impossible, c'était trop cruel ! Et Sonia et Nikita, que deviendraient-ils en prison ? Ils n'étaient même pas majeurs ! Ils allaient mourir ! Et Natasha, si souriante, elle allait dépérir ! Sans compter Gavriil ! Il faudrait le mettre dans une cellule à part à chaque pleine lune ! Et ses grand-parents ? Ils supportaient mal l'humidité ! Et sa mère qui ne comprendrait pas ce qui se passait parce qu'elle ne parlait pas anglais... Comme ses grand-parents d'ailleurs. Qui se chargerait de leur annoncer l'horrible nouvelle ?! Et puis lui, comment ferait-il dans cet endroit lugubre ? Il n'avait jamais vu de détraqueurs, mais la simple description qu'il avait lu de ces créatures lui avait fait passer l'envie d'en rencontrer...

Ses réflexions pessimistes furent interrompues par la voix de la demoiselle qui lui assura qu'elle ne lui voulait aucun mal. Pour l'instant peut-être, mais plus tard ? Cela devait sûrement confirmer le fait qu'elle ne cherchait pour le moment que des renseignements... Non ! Au secours, il ne voulait pas finir à Azkaban !

-Je suis parfaitement en règle ! Glapit-il. Et je peux vous le prouver ! Euuuh... Enfin là j'ai oublié mes papiers chez moi, mais je les ai ! C'est vrai ! Je suis un vrai citoyen anglais !

Bon, ce n'était pas vraiment exact, il n'était qu'un immigré -et clandestin en plus- mais ça il n'allait pas lui dire... Il garderait son secret ! Il se battrait s'il le fallait à coup de casseroles et de sorts de cuisine, mais il empêcherait le Ministère d'emmener sa famille dans ce lieu affreux ! Après tout ça faisait huit ans qu'ils habitaient là, ils avaient gagné le droit de rester ! Ils étaient devenu des londoniens, à force ! La ville avait pris l'habitude de les voir passer ! Et puis ils ne pouvaient pas rentrer en Russie à cause de Gavriil...

Il grimaça. Le même accent que son frère ? Elle épiait donc aussi son frère ? Et puis c'était normal que ce dernier ait moins d'accent, il avait appris l'anglais plus tôt, et il était arrivé à quatorze ans, ça avait été plus facile pour lui de s'accoutumer ! Alekseï, lui, avait vingt-et-un ans quand il avait mis les pieds en Angleterre ! Il avait eu énormément de mal à étudier cette langue de malheur !

Son nom attira son attention. Eden. Eden... ça lui disait quelque chose. Elle le mit elle-même sur la voie en lui annonçant qu'elle était la patronne de Gavriil. Un poids quitta ses épaules et il se détendit d'un seul coup, immensément soulagé. Aaaah, il comprenait mieux... Ouf, ce n'était pas un agent du Ministère ! Quel idiot ! Elle devait le prendre pour un imbécile finit... Mais son cadet lui rabâchait tellement souvent qu'il devait se méfier, qu'il était trop imprudent, qu'à force il devenait paranoïaque ! Mais oui, bien sûr que ça faisait lui rappelait quelque chose, le loup-garou lui parlait d'elle de temps à autres ! Oui, c'était donc logique qu'elle fasse le lien... Mais bon quand même, il ne devait pas être le seul russe de cette ville ! Il ressemblait tant que ça au reste de sa famille ?

-Ah ! Euh, oui oui, je connais, il me parle de vous aussi... Je suis Alekseï. Nickolaï est comptable, il travaille dans un cabinet privé...

Oui, lui au moins avait réussi sa vie. Enfin bref. Il était flatté de constater que Gavriil discutait de lui avec sa patronne. Il espérait juste que ce ne soit pas en mal, mais ce n'était son genre de médire sur sa famille. Il était très attaché à eux, comme tout Ivanovski qui se respecte.

Surpris de se retrouver invité de cette façon -inviter un serveur, c'était assez inhabituel- son regard passa de la chaise libre à la cuisine, et de la cuisine à la chaise libre. Elle disait que son patron ne râlerait pas... Mais il râlait sans arrêt ! Et puis il n'avait pas spécialement envie d'aller lui demander confirmation, moins il le voyait, mieux il se portait ! Il hésita. D'un côté, il n'avait vraiment pas envie de perdre son job. D'un autre côté... C'était tentant. Il commençait à avoir faim sa pause n'était pas avant une heure et demi... Bon, il espérait qu'elle disait vrai. Il prit place en face d'elle.

-Bon... Bah... Merci. Je vais prendre un rissolé de pomme de terre avec une cuisse de poulet alors. Et un verre de vin rouge.

Parce que ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait avoir du vin. Même s'il trouvait ça un peu fade, il aimait bien quand même. Et puis ça faisait classe de boire du vin.

**Eden K. Winfield** *administratrice* ϟ PARCHEMINS : 175

Once upon a Dream

Un petit rire s'échappa des lèvres de la brune quand elle entendit le russe glapir qu'il était en règle. Bon ok, elle l'avait effrayé alors que ce n'était pas du tout ce qu'elle voulait. Visiblement, il la prenait pour quelqu'un du ministère qui était venu l'arrêter pour l'envoyer à Azkaban ou pour le renvoyer en Russie. Faisait elle vraiment si peur que ça pour qu'il la confonde avec un agent du ministère ? En plus, il prétendait être en règle et avoir ses papiers – qu'il aurait, comme par hasard oublié chez lui – mais il serait bien embêtait si elle faisait vraiment partie du ministère et qu'elle décidait de le suivre chez lui pour vérifier ses papiers. Il ferait mieux de tenir sa langue et de ne pas sortir ce genre de choses à la légère, ça pourrait lui apporter des ennuis sans qu'il ne s'en rende compte. Enfin bon, bientôt il aurait des vrais papiers en règle et le problème ne se poserait plus. Le seul qui pourrait poser problème serait Gavriil mais, une fois encore, ça ne concernait en rien son frère et puis, elle se chargerait de s'occuper de lui.

- Je suis flattée de savoir qu'il parle de moi à sa famille, je ne m'y attendais pas vraiment.

Après tout, Gavriil était quelqu'un de réservé – même s'il n'en avait pas l'air – et il ne parlait pas pour ne rien dire. Sans compter qu'il était difficile de lui arracher quelque chose quand il avait décidé de se taire. En fait, elle était surtout curieuse de savoir ce qu'il avait bien pu leur dire à son sujet. Parce qu'après tout, ils n'avaient pas une relation très conventionnelle mais ils s'adoraient pour autant et elle assumait totalement leur relation mais s'il leur avait dit qu'elle avait coucher avec lui et bien...le mignon petit Alekseï risquait d'être quelque peu distant. Quoique, elle ne le connaissait pas et puis, au final, elle voulait juste apprendre à le connaître et s'il ne voulait pas, tant pis. En tout cas, elle était ravie de constater qu'elle était en présence d'Alekseï, et donc du frère célibataire, parce que, mine de rien, elle les avait souvent confondus lui et Nickolaï. Peut être était ce parce qu'elle ne les avait jamais vu ? Toujours était il qu'elle était contente de ne pas être tombée sur le frère marié parce qu'elle ne voulait pas causer de problème au sein d'un couple et qu'elle avait parfaitement conscience qu'elle avait un comportement particulier qui déplaisait à beaucoup de personnes.

Un joli sourire étira ses lèvres quand elle le vit s'asseoir en face d'elle. Bien, visiblement lui aussi avait envie de passer un moment avec elle, voilà qui la réjouissait. Elle ne fut même pas étonnée de l'entendre choisir son plat sans même regarder la carte, mais ce qui l'a surpris fut le verre de vin. Elle ne savait pas que les russes étaient amateurs de vin, elle pensait qu'ils préféraient la vodka. D'ailleurs, elle était persuadée qu'il préférait la vodka au vin, après tout, il était habitué à la vodka Ivanovski qui était tout de même le meilleur cru qu'elle ait jamais goûté. Enfin bon, elle appela un serveur, le plus naturellement possible, et commanda leur déjeuner ainsi qu'une bonne bouteille de vin. Parce que bon, quitte à boire du vin, autant prendre une bonne bouteille. C'était une des rares habitudes qu'il lui restait de sa vie de noble sang pur.

- Vous aimez le vin ? Ne put elle s'empêcher de demander. Ça doit vous paraître un peu fade après la vodka non ? Vous vous plaisez à Londres ? Ça doit changer de la Russie j'imagine.

Ça avait du être difficile pour le reste de la famille de Gavriil de quitter leurs habitudes, leur maison et leur pays pour venir en Angleterre. Mine de rien, c'était une belle preuve d'amour que de l'avoir suivi et soutenu dans cette épreuve. Eden connaissait des familles qui n'auraient pas hésité à abandonner voir même à tuer leur enfant s'il avait été mordu par un loup-garou mais pas les Ivanovski. Après tout, la famille c'était important pour eux et elle admirait ça chez eux.

**Aleksei V. Ivanovski** *sorcier(e)* ϟ PARCHEMINS : 216

Once Upon A Dream

Le 5 Mars

Soulagé d'apprendre qu'elle ne faisait pas parti du Ministère, Alekseï pu participer pleinement à a conversation et l'apprécier à sa juste valeur. Non parce que, discuter avec la peur au ventre, ce n'était pas vraiment la meilleure des choses lorsqu'on voulait bien assimiler ce que disait la personne en face de vous.

Il fut surpris de savoir qu'elle ne s'attendait pas à ce que Gavriil parle d'elle. Effectivement, il ne s'étendait pas à raconter ses journées, en règle général il faisait plutôt parler les autres que lui, répondant vaguement quand on lui posait des questions. Mais sa patronne, si, ils en avaient entendu parler quand même. Après tout ça faisait environ un an qu'il travaillait au Helly Heaven tous les soirs, alors ça semblait normal qu'il ait parlé d'elle... En fait au début, à part qu'il avait trouvé un emploi dans un bar, personne ne savait rien. Sauf Natasha qui allait lui rendre visite de temps en temps, c'était elle qui avait évoqué Eden pour la première. Quand elle était revenue, elle avait été assaillie de demandes. Alors, ça ressemblait à quoi l'endroit où travaillait Gavriil ? Ses collègues, comment étaient-ils ? Il avait de s'y plaire ? C'est ainsi qu'ils avaient eu droit à la description de la jeune fille et de cette phrase qui résumait tout. « C'est la quatrième sœur ».

Les Ivanovski n'étaient pas stupides. Même s'ils ne disaient rien, ils savaient bien que le blond n'allait pas bien. Il avait beau vouloir leur cacher, certaines choses ne peuvent pas se masquer. Comme les cernes sur son visage ou la lueur morne dans ses yeux. Ils avaient bien vu que cette fille avait aidé leur petit Gavriil. Que depuis qu'il la connaissait, il se relevait peu à peu. Il dormait mieux. Il souriait plus. Lyokha se sentait un peu coupable. Il n'avait jamais été trop proche de son petit frère mais ça ne l'empêchait pas de l'aimer quand même, et lui qui était de sa famille n'avait pas pu l'aider... Il savait que les autres Ivanovski avaient le même sentiment. C'était une inconnue qui l'avait fait aller mieux, alors que eux n'avaient rien pu faire. Bien qu'ils ne l'aient jamais rencontré, Eden Winfield faisait un peu parti de la famille grâce à ça. C'est pour ça que personne ne disait rien quand le loup-garou piquait des bouteilles de vodka dans la réserve. Son grand-père faisait semblant de ne rien remarquer. Il lui devait bien ça...

C'était vraiment un hasard qu'il la rencontre là ! Il était réellement content de faire sa connaissance. Aussi lui répondit-il en souriant :

-Il faut bien qu'il parle de vous pour vous garder des loukoums ! S'il ne disait pas que ceux qui restent sont pour vous, ils finiraient tous mangés...

Il finit par s'asseoir avec elle. Après tout, il avait bien mérité une petite pause ! Et puis si elle connaissait le patron... Il ne risquait pas grand chose... Surtout qu'il ne parlait pas souvent à des filles... Généralement, elles le regardaient de haut parce qu'il était trop maladroit... Et puis il ne pouvait pas dire qu'il avait de la chance avec les femmes.... Il avait toujours envié ceux qui les attiraient naturellement. Nikolaï, par exemple, les rendait toutes folles. Il ne se rendait pas compte de la chance qu'il avait...

Il s'empourpra un peu en entendant sa question. Oui, forcément, si elle côtoyait Gavriil... Elle devait savoir que les Ivanovski étaient... Euh... Comment dire... Amateurs de vodka... C'est vrai qu'à côté de cette boisson le vin paraissait fade, mais il ne pouvait jamais en boire, et il trouvait ça quand même bon... Et avec des pommes de terre rissolées, le vin ça allait quand même mieux ! Sa famille avait l'irritante habitude de boire de la Vodka avec tout et n'importe quoi, même quand ça n'allait pas avec le plat qu'il avait cuisiné. Il avait beau batailler en leur disant que ça allait gâcher le goût de son repas, rien à faire. Il avait fini par abandonner...

-Ben... Oui mais j'aime bien quand même...

Son autre question, en revanche, demandait réflexion. Est-ce qu'il se plaisait à Londres ? La Russie, ça lui manquait parfois... Mais en Russie, son village était si petit que tout le monde connaissait tout le monde ou presque... Alors sa maladresse était connu de tous, et il n'aimait pas ça. Dès qu'on faisait une chose de travers, on était fiché... Ici, la ville était assez grande pour camoufler ses gaffes. Et il y avait plus d'opportunités aussi. Même si lui n'avait pas su saisir sa chance, au moins, il pouvait toujours se dire qu'il pouvait espérer remontrer...

-Hum... Je mentirais si je disais que la Russie me manquait pas mais... Londres c'est pas mal, même si l'été est vraiment chaud. Il fait plus doux l'hiver et il y a beaucoup de possibilités de trouver du travail ! Par contre la vie est chère, et les gens sont... Différents.

Parce que même si là-bas, on se moquait de lui, les habitants restaient solidaires en cas de besoin. Enfin ça dépendait. Disons qu'en Russie, lorsqu'une amitié est acquise, elle dure pour toute la vie. Et ils étaient droits. En Russie, une promesse est une promesse, elle ne peut pas être défaite. Là...

Parfois les gens vous faisaient miroiter des choses qu'ils ne respectaient jamais, ils vous souriaient avant de poignarder dans le dos. Ils utilisaient les autres comme outils. Bien sûr, c'était une généralité. Ça ne valait pas pour tout le monde, et heureusement !

Il se rappela soudainement une question qu'il s'était posé et dont il n'avait jamais eu la réponse. D'ailleurs il n'était même pas sûr de l'avoir posé à son frère, finalement.

-Comment en êtes vous venu à engager Gavriil ? Il trouve toujours pleins de petits boulots à la journée et ramène de l'argent mais j'ai jamais réussi à comprendre comment il faisait. Moi quand j'ai cherché du travail, j'ai eu vraiment du mal à en trouver...

Et au final, ça avait largement été en dessous de ses espérances. Mais bon. Ça, inutile de le préciser. Il se trouvait déjà assez misérable comme ça...

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