Le 21 Février

Ezéchiel Uriel Crowford attendait. Et Ezéchiel Uriel Crowford détestait attendre. Même si c'était pour la bonne cause. Non mais ! Il avait passé cette commande une semaine auparavant par Merlin ! Et ce stupide bijoutier n'avait toujours pas terminé ! Il avait pourtant bien précisé qu'il la voulait pour aujourd'hui ! Mais non, non, ç'aurait été trop facile. Il fallait que môssieur le bijoutier ait beaucoup de commande ces temps ci. Comme par hasard. Sauf que voilà, lui, il n'était pas n'importe qui. Certes ce qu'il avait demandé prendrait peut-être du temps, mais il avait eu une semaine pour le faire et il ne l'avait pas fini. Pas fini ! Une demande d'un Crowford en personne ! Ce sorcier était juste suicidaire ! Et il lui demandait de patienter. Patienter. Et bien non ! Il en avait marre lui ! Une demi-heure qu'il poireautait ici ! Il allait terminer par prendre racine ! Et l'autre qui discutait avec un client... Mais bon sang ! Il n'avait pas le temps pour ça, il devait bosser ! Pour lui ! Pour faire sa commande ! N'y tenant plus, l'ancien serpentard se dirigea vers le sorcier à la voix agaçante d'un pas irrité et pointa sa baguette sur lui en le foudroyant du regard.

-Ça suffit maintenant ! Cracha-t-il d'un ton énervé. Beaucoup de commandes hein ?! Alors pourquoi tu travailles pas au lieu de bavasser ?! Je crois que tu as un truc à finir... Je vais te dire un secret, petit homme à la cervelle semblable à un nid de verracrasses neurasthéniques, alors écoute bien : tu vas me finir ma commande tout de suite, sinon j'irais inspecter ton arbre généalogique avec tellement soin que je trouverais des moldus dans tes ancêtres et que tu finiras à Azkaban pour magie frauduleuse. Ton commerce te rapporte pas mal non ? Bijouterie de luxe ? Tu pourrais tout perdre du jour au lendemain si je venais mettre mon grain de sel dans tes affaires... Alors je veux ce que j'ai demandé MAINTENANT !!

Le bout de sa baguette décocha une petite pluie d'étincelles rouges qui firent un trou dans le chemisier flambant neuf du vendeur qui tressaillit, me teint blême.

-T... Tout de suite M. Crowford ! Je file comme le vent !

L'homme décampa plus vite que son ombre et Ezé marmonna qu'il filait plutôt comme le lâche trouillard qu'il était, mais le sorcier était déjà loin dans l'arrière-boutique, laissant derrière lui le client avec qui il discutait seul et légèrement inquiet de son sort. Il jugea d'ailleurs plus prudent de sortir du magasin en longeant les murs.

-Je ne tolérerais encore que dix minutes d'attente maximum, fit le brun d'une voix plus forte à l'adresse du marchand.

La seule réponse qu'il obtint fut un bruit de verre brisé et des pas précipités. Allons bon, il faisait donc si peur ? Pensa-t-il avec un sourire satisfait. Mais en fait c'était le but, alors il n'allait pas faire semblant d'être surpris. C'était très bien comme ça ! Puisqu'il n'avait rien quand il était poli, il fallait bien qu'il menace un peu pour accélérer les choses... Sinon tout était trop lent. Et puis ce mec se moquait de lui et il avait horreur de ça ! Beaucoup de commandes... Et avec ça il trouvait me temps de causer tranquillement ? Non mais, fallait pas pousser Merlin aux Enfers ! Enfin... Il allait être un peu plus efficace maintenant qu'il avait fait son petit discours.

Pour preuve, sept minutes plus tard, il avait sa commande emballée et en main, et il quittait la boutique. Il avait retenu la moitié la moitié du prix pour ses services trop lents, et le commerçant n'avait pas osé protester. Encore heureux. Il avait failli être en retard avec ça. Bon, il n'avait pas spécialement rendez-vous mais Améthyste savait bien qu'il venait chaque année s'incruster pour son anniversaire vers les 15 heure de l'après-midi alors autant ne pas briser la tradition.

Tss ! Fichu bijoutier de malheur. L'avait failli le mettre de mauvaise humeur le jour de naissance de sa Planche à Pain. L'effronté ! Il aurait dû malencontreusement brûler la boutique, ça lui aurait appris... Mais bon. Il s'était levé du bon pied le matin alors il lui pardonnait. Enfin non. Disons qu'il laissait passer. Voilà.

Dehors il faisait froid, et le sol humide laissait de la pluie sale sur les chaussures. Pour éviter de salir ses mocassins à 20 gallions la paire et d'avoir froid -il avait aussi horreur du froid- il transplana. On était un sorcier ou on ne l'était pas, c'était stupide de faire à pied un trajet qu'on pouvait éviter. Il se matérialisa devant la porte de sa meilleure amie, sortit les clefs de son appartement qu'il gardait toujours sur lui au cas où il lui viendrait l'envie d'aller embêter la jeune fille et entra comme s'il était chez lui -d'ailleurs c'était tout comme, vu le temps qu'il avait passé ici...- avant d'aller se poser sur le canapé, attendant la journaliste.

Le 21 Février

Bien avachi dans son fauteuil, Ezéchiel commençait à s'ennuyer. Bon, elle arrivait quand sa Planche à Pain là ? Ça faisait quatre minutes qu'il attendait ! Presque cinq ! Elle se faisait désirer la journaliste... Pourtant elle savait bien qu'il tapait l'incruste vers 15 heure à chaque fois ! Tss !
Finalement, au bout de six longues minutes d'attentes, il entendit du bruit dans le couloir d'entrée.

-Ah ben quand même ! J'ai failli attendre ! S'exclama-t-il en la voyant entrer dans le salon. Depuis quand tu fais attendre ton meilleur ami, toi ?

Mais bon, elle ne tarda pas à s'excuser, alors ça allait. Et puis il ne pouvait rien lui refuser, alors forcément qu'il ne lui en voulait pas. Et puis elle avait prononcé les mots magiques...

-C'est pas mon chéri. Je te signale qu'on sort pas ensemble, nous...

Il pensa avec un peu d'amertume à a dernière fois qu'ils s'étaient vu. Ezé avait fui lâchement, c'était vraiment pitoyable... Au moins Améthyste avait eu de la chance elle, son amour était réciproque...

Enfin, ce n'était pas le moment de penser à ça. Il se concentra sur le gâteau et ne put s'empêcher d'être heureux en voyant le tigre. Tigre, chouette et panda. Ils étaient tous les trois représentés sur le gâteau... Pendant un instant il eut un sourire attendri, avant de réaliser que Beny ignorait que le tigre était l'animal de prédilection de l’ancien serpentard, et son patronus, par la même occasion. Il ne savait pas pourquoi il l'avait fait, mais ce n'était sûrement pas pour le symboliser... Son sourire perdit un peu de sa joie, mais il s'interdit de le faire disparaître. C'était l'anniversaire de sa meilleur amie, et c'était à elle qu'il devait penser avant le pâtissier. Sans compter qu'il avait un super cadeau pour elle. Elle avait intérêt à être contente !

Il serra ses bras autour d'elle et retourna l'embrasser. Il savait que maintenant qu'elle était casée, ils risquaient de moins pouvoir le faire. Bon, il n'était pas questions qu'ils arrêtent, mais il doutait que son petit Morgan soit très ravi de voir un homme rouler un patin à la fille qu'il aimait. Il en avait déjà fait l'expérience d'ailleurs, et ses fesses s'en souvenaient... Il se décolla de sa meilleure amie et la regarda un moment avant de sourire en pensant à tout le chemin qu'ils avaient parcouru depuis qu'ils se connaissaient.

-T'es pas croyable, tu le sais ça ?

Ouais, c'était le cas de le dire. La jeune fille sortait réellement de l'ordinaire -sinon elle ne serait pas son amie préférée- et depuis qu'il l'avait rencontré, il ne cessait de se faire cette réflexion.

-Bon anniversaire, chipie qui fait poireauter ses invités ! Fit-il en lui ébouriffant les cheveux.

Il farfouilla dans sa poche et en sortit la boite qu'il venait de récupérer chez le bijoutier. Il avait prévu de la lui offrir un peu plus tard dans la soirée, mais il avait trop hâte de voir sa tête en l'ouvrant. La bague qu'il lui avait choisi était une serpent en argent, qui tenait entre sa tête et sa queue une améthyste toute simple. Il avait d'abord pensé à faire une chouette en améthyste, mais c'était trop risqué. Il savait qu'elle n'était pas déclarée, et des gens pourraient se demander pourquoi elle avait cet animal en bague... En plus un serpend, ça la ferait penser à lui, c'était parfait ! En fait ce qui lui avait coûté cher, c'était le sort intégré un bijou. Pas donné. Mais bon, même lui qui était pourtant bien calé en sortilèges ne savait pas vraiment comment s'y prendre pour ça... Alors bon...
Avant de lui offrir son cadeau cependant, il se leva, alla attraper une bouteille de whisky pur feu et se rassit avec elle, deux verres à la main, qu'il remplit directement.

-A toi ! S'exclama-t-il en levant son verre. Et au gosse que tu vas pas tarder à nous faire. L'an prochain je veux trinquer avec une mariée !

Il lui vola un baiser un lui tendit la boite, un sourire énigmatique aux lèvres.  

Le 21 Février

Alors ça ! Non seulement elle mettait du temps à arriver mais en plus elle lui pinçait le nez ! Non mais vraiment ! Il allait devoir l'éduquer un peu cette sauvage qui le regardait avec des yeux amusé. La vile sournoise... Mais il ne pouvait nier que sa bonne se laissait voir et qu'elle lui remontait le moral. Il avait été un peu déprimé ces derniers temps, alors ça lui faisait du bien... Oui, lui déprimé. Comme quoi, tout peut arriver.

-Hé ! C'est quoi cette nouvelle façon d'accueillir les gens ?! Protesta-t-il en contre attaquant -sauf que lui visait la hanche.

Il l'attrapa et commença à la chatouiller -il fallait bien qu'elle sache qu'on ne s'en prenait pas à lui impunément, non mais ! Bon d'accord, elle était déjà au courant, ce qui ne l'empêchait de le faire quand même, mais en fait il faisait aussi parce qu'il en mourrait d'envie. Il adorait sentir se tortiller sous lui de cette façon. Et d'une autre aussi d'ailleurs... Même si ce n'était pas vraiment la même chose. Il eut un sourire coquin en repensant à leur dernière fois. Une espèce d'adieux un peu étrange... Un adieu à leur façon.

Mine de rien, ça le rendait un peu mélancolique de se dire que le prochain anniversaire qu'ils fêteraient ensemble, ils ne seraient sûrement plus tous les deux. Il y aurait Morgan à côté et il ne serait plus question de se rouler des patins pour se dire bonjour. Enfin lui, ça ne le dérangeait pas, et Améthyste non plus sans doute, mais fatalement ça arriverait moins souvent. On n'embrassait pas son meilleur ami devant son petit-copain. Bien sûr, ledit petit-copain était très gentil ! Un peu trop même. Pas le genre avec qui on pouvait beaucoup plaisanter. Dommage. Enfin bon, c'était très bien comme ça, au moins sa Planche à Pain aurait quelqu'un pour la surveiller et surtout la forcer à se nourrir !

Il renfrogna un peu en l'entendant parler de Beny. Beny Beny Beny !! Encore et toujours Beny ! Alors qu'il essayait de le sortir tant bien que mal de son esprit, le sujet revenait sans arrêt sur le tapis. Tout lui rappelait l'homme qu'il aimait, absolument tout. En soi, ce n'était pas si grave. Enfin ça ne l'aurait pas été si ça ne lui avait pas aussi rappelé qu'à cause de lui, le pâtissier s'était presque fait violer, qu'il pensait qu'il était son sauveur à tord, et qu'en plus il ne le voyait que comme un gentil ami à qui on offre des gâteaux.

Il ne savait pas s'il devait être rassuré ou non de savoir que son brun parlait souvent de lui, mais au moins, il était touché que la journaliste essaie de le réconforter. Alors que c'était son anniversaire, ils se retrouvaient à parler de ses problèmes... Pff, il fallait vraiment qu'il se reprenne. Il allait gâcher la journée.

En voyant le tigre en peluche dans les mans de sa meilleure amie, il ne put retenir un sourire. La cravate qu'il avait autour du cou était la sienne, qu'elle lui avait piqué quand ils étaient encore à Poudlard. Mais elle lui allait mieux que le tigre. L'héritier Crowford avait été vraiment sexy en uniforme ! Sans vouloir se jeter des fleurs évidemment.

Et encore Beny ! Stop, il ne voulait plus parler de lui ! Ça suffisait avec lui, il n'en pouvait plus ! Peu à peu, il commençait à comprendre qu'à ce rythme, il allait finir par devenir fou. Il lui faudrait bientôt couper les ponts avec lui, sinon il ne pourrait plus continuer. Mais il savait qu'il ne le ferait pas. Qu'il préférerait souffrir à être son ami plutôt que de nouveau s'éloigner. Il était vraiment idiot... C'était comme là ! Il voulait changer de sujet, mais sa curiosité d'en apprendre un peu plus sur celui qu'il aimait le poussait à écouter attentivement sa Planche à Pain.

Alors comme ça le tigre en peluche lui rappelait l'ancien serpentard ? Pourquoi ça ? A sa connaissance il ignorait son lien avec ces animaux... Il eut un petit sourire tendre et un peu triste. Beny pensait vraiment à tout... Est ce qu'il lui arrivait de penser à lui-même avant les autres parfois ? Il en doutait. Il avait de la chance quand même. Les personnes qu'il aimait passait son temps à s'occuper de lui et à essayer de lui faire plaisir... ça le rendait heureux.

-Merci, sourit-il à son amie.

Il ne précisa pas pourquoi il la remerciait mais avec elle, il n'y avait pas besoin de s'encombrer de mots. Elle comprendrait. Puis ils s'embrassèrent et Ezéchiel savoura la sensation de ses doigts dans ses cheveux.

-T'es pas croyable parce que t'es pas croyable, c'est tout ! Répondit-il en levant les yeux au ciel.

Il eut un rire gentiment moqueur en l'entendant se plaindre. Pas ses cheveux hein ? Bah si justement ! Il aimait quand elle râlait, alors maintenant qu'il avait trouvé comment déclencher ça il n'allait pas se priver de le faire ! Bon, il n'avait pas prévu qu'elle riposte, mais si elle voulait se faire plaisir... Après tout, lui n'avait pas les cheveux aussi longs qu'elle, il suffisait d'un petit coup de main pour tout bien remettre en place. Elle en revanche... Il la regarda. Avec ses mèches en pétard, elle offrait un bien piètre spectacle qui le fit éclater de rire. Rire qui mourut avec le baiser sensuel qu'elle lui donna quelques instant plus tard.

Il haussa un sourcil sceptique à sa remarque. Non, il ne pensait pas aller vite en besogne, au contraire. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il avait l'impression que Morgan réservait des surprises... Il haussa les épaules. Au pire, ils verraient bien. Pour le moment, ils n'étaient que tous les deux et les choses allaient très bien comme ça.

Il ne put s'empêcher d'avoir un air content et satisfait lorsqu'elle vit la bague. Bien bien bien, ça lui plaisait. Elle la passa au doigt, et force lui était de constater qu'elle lui allait vraiment bien.

-Comment ça le plus beau cadeau que je t'ai fait ? Et le soutien gorge ensorcelé pour endormir Dante que je t'avais offert quand tu sortais avec lui ? C'était pas un cadeau génial ça ? Il avait dormi plus de 24 heure avec ça, tu as pu avoir la paix tout ce temps !

Ça, ç'avait été une de ses plus géniales idées. Il doutait quand même que le soutien gorge fonctionne réellement, mais il avait essayé malgré tout et ça avait marché au-delà de ses espérances. Il avait voulu faire une blague à son amie en lui offrant de magnifiques sous-vêtements sexy sans être vulgaire... Exprès pour qu'elle les porte avec Dante. Et s'il commençait à la tripoter et à enlever son haut, ce qu'il n'avait pas manqué de faire -le pervers!- il s'en mordrait les doigts. Bon, ç'avait été mesquin certes, mais il n'avait jamais porté cet homme dans son cœur, et comparé à d'autres choses qu'il lui avait fait, ce n'était pas grand chose.

-Et puis tu devrais garder tes remerciements pour plus tard, continua-t-il d'un ton énigmatique. Quand tu verras que c'est pas juste une simple bague...

Elle disait lui dire merci pour tout le reste, mais lui, ce cadeau, il lui donnait justement pour ça. Parce que lui aussi lui était très reconnaissant de le supporter, de rire avec lui, de le réconforter et d'être... Juste là. Avec lui. Sans elle il aurait sûrement enchaîné les conneries...  

Le 21 Février

Améthyste avait vraiment le don de trouver les mots qu'il fallait. Bon, il était toujours convaincu que Beny ne l'aimerait jamais, mais au moins il était de meilleure humeur. Après tout, il parlait de lui... C'était déjà ça. Il aurait aimé être un legilimens pour aller voir dans sa tête ce qu'il pensait de lui. Cette faculté devait être bien pratique... Qu'est ce qu'il donnerait pour l'avoir ! Il aurait bien pris des cours mais... Il avait la flemme. Il vivait tout aussi bien sans cette faculté. Mais n'empêche qu'il aurait aimé savoir ce que le brun pensait de lui... Il se fit la note mentale de penser à lui poser la question la prochaine fois qu'il le verrait. Il faillit appeler son elfe pour lui dire de lui le rappeler, mais le moment était mal choisi et il n'avait guère envie d'avoir Syphilis dans les pattes le jour de l'anniversaire de sa Planche à Pain.

-Petit, petit... Tu devrais savoir que la taille de mon tigre est tout à fait respectable, répondit-il avec un grand sourire.

Le sourire spécial qu'il réservait aux allusions perverses. Ce sourire là, il n'y avait elle qui savait le démasquer. Pour les autres, il était normal, ou en tous cas il n'avait pas de signification particulière. Mais la journaliste arrivait à le reconnaître sans aucun problème, ce fameux petit air différent qu'il prenait quand il la taquinait avec des blagues salaces à demi cachées. En fait ce devait être la lueur de ses yeux qui le mettait sur la voie plus que son expression. Non, en fait, il ne savait pas. Mais toujours était-il qu'elle remarquait toujours ses allusions. Comme là. Même s'il parlait de son patronus bien sûr.

Il leva un sourcil. Lui, peur de se fouler un neurone ?

-Mais bien sûr ! Si j'avais eu peur de me fouler un neurone je n'aurais pas terminé premier de ma promo à Poudlard !

Il lui servit en prime un sourire insolent. En réalité, ils avaient fini ex æquo, ce qui avait toujours été un sujet de taquineries entre eux, chacun affirmant qu'il était plus intelligent que l'autre. Cela dit, elle n'avait pas tout à fait tord -même s'il aurait préféré mettre sa main dans un enclos de scrouts à pétard que de l'avouer. En fait il n'aurait pas su dire pourquoi elle était pas croyable, mais c'était vraiment le cas ! C'était... Son attitude, son caractère... Elle quoi ! Comment voulait-elle qu'il mette des mots sur ça ? Même en exploitant tout son potentiel neuronal -ce qui n'était pas rien, il était plutôt brillant sans vouloir se vanter- il n'aurait su expliquer pourquoi.

Ezéchiel n'était pas peu fier de son idée de cadeau. Il fallait dire qu'au début, il ne devait y avoir que la bague -qu'il avait dessiné lui-même bien sûr- mais... un soir alors qu'il s'endormait après une soirée bien arrosée, il s'était redressé en sursaut dans son lit. Oui, c'était ça ! Il allait se mettre dans la bague, comme ça quand sa Planche à Pain se sentirait triste ou seul, il serait là. Ce n'était que le lendemain, une fois plus réveillé, qu'il se fit la réflexion que se mettre dans la bague serait assez difficile. Du coup il avait choisi un sort spécial qui faisait apparaître un reflet de lui-même, mais solide pour qu'il puisse quand même sourire et faire un câlin à Améthyste. A la base il voulait l'embrasser, mais par respect pour Morgan -oui, il lui arrivait de faire preuve de respect- il ne l'avait pas fait. En fait c'est surtout pour la journaliste qu'il ne l'avait pas fait.

Il éclata de rire en entendant ses protestations. Oui, il avait bien rigolé cette fois là, et même des années plus tard il riait encore en repensant à la tête déconfite de son amie qui était venue le trouver pour lui expliquer que son petit-copain s'était soudainement effondré alors qu'il était en train de la déshabiller. Bah, elle aurait pu lui dire, il aurait été curieux de voir sa réaction. Ça lui aurait donné un bon prétexte pour tester de nouveau sortilèges sur Dante !

-Hum... Dans ma subtile et débordante imagination ? Fit-il avait un sourire satisfait et fier de lui.

Il adorait quand elle aimait ce qu'il faisait. En fait il adorait quand elle était heureuse, et surtout quand elle était heureuse grâce à lui. C'était peut-être prétentieux, mais il n'avait jamais eu de problèmes à admettre qu'il l'était.  

Le 21 Février

Ah non ! Voilà qu'elle remettait ça ! Ezéchiel maudissait le jour où sa Planche à Pain avait découvert qu'il craignait les chatouilles -surtout aux hanches- parce que depuis elle profitait un maximum ! Dès qu'il relâchait sa vigilance, paf ! Elle frappait, implacable et précise. A croire qu'elle s'était entraînée. Son bras se tendait brusquement et ses doigts s'agitaient frénétiquement.

Comment pouvait-il faire front ? Impossible ! Il était systématique vaincu en quelques nanosecondes à peine. Fourbe créature que sa meilleure amie. Tout ça pour une petite parole à double sens... Et en plus elle ne pouvait pas prouver qu'il avait sciemment laissé planer un sous-entendu ! Bon d'accord, il avait effectivement fait exprès, mais elle n'était pas censé le savoir ! … Enfin bien sûr qu'elle le savait puisqu'elle savait tout quand ça le concernait, mais bref. Surtout que bon, là, il avouait que ça n'avait pas été très fin. Mais elle lui avait tendu la perche aussi ! Il était censé faire quoi lui, si elle l'aidait à placer ses remarques salaces hein ?

Alors qu'il se tortillait sous elle en tentant vainement de se défendre, elle finit par avoir pitié et lui faire grâce. Le jeune héritier se redressa en surveillant les mains de la journaliste avec suspicion. Avec elle on n'était jamais trop prudent. Elle pouvait décider brusquement de recommencer, comme ça, juste parce qu'elle en avait envie... Mais non. Apparemment elle était trop occupée à penser à il ne savait quoi pour le reprendre d'assaut -tant mieux, elle l'aurait achevé autrement. Il haussa un sourcil. Taille respectable ? Plus que respectable oui ! Il était communément admis qu'il était bien monté, non mais !

Son sourcil aristocratique s'éleva encore davantage en entendant le reste de sa phrase. Quoi ? Celui de Morgan ? D'abord on ne lui ferait pas croire que ce petit archiviste gringalet avait des attributs plus percutants que les siens. Il était tout fin ! Ensuite... D'où est ce qu'elle avait vu ça elle ?! Ce type était tout timide, comme s'il allait lui montrer son sexe avant le mariage ! Pourtant son petit air rêveur ne trompait pas. Si elle s'était moquée de lui elle aurait été en train de le regarder avec cette petite expression malicieuse qui indiquait qu'elle faisait sa chipie. Ça voulait donc dire que c'était vrai... Mais restait à savoir si elle l'avait entraperçut par accident ou si le petit brun le lui avait volontairement montré. Il tenta d'imaginer Morgan prendre les choses en mains et la séduire. Dur à imaginer. L'accident alors ? Nooon. Elle n'aurait pas semblé autant aux anges alors. Dans ce cas il ne restait qu'une seule possibilité...

-Améthyste, soupira-t-il d'un air faussement exaspéré. Je t'avais dit pourtant que c'était mal de sauter sur les êtres innocents... Pauvre Morgan, il doit souffrir d'un lourd traumatisme à l'heure qu'il est !

Ça ne l'étonnait même pas ça ! Elle avait dû craquer en le voyant sa petite tête candide comme lui avait envie de craquer quand il contemplait son Beny... Elle avait révélé son côté dominatrice. Bah ça, ça avait dû lui faire drôle au petiot ! Haha, il n'avait pas dû la voir arriver, innocent qu'il était ! Pauvre de lui, il devait être vidé maintenant... Enfin il ne pouvait que comprendre. A sa place il aurait sûrement fait pareil -et depuis longtemps en plus.

Il lui pinça le nez. Plus intelligente ? N'importe quoi ! Après tout il avait hérité de l'intelligence des Crowford lui ! Normal qu'il soit brillant ! Il avait les gênes pour l'être... Après, d'accord, ils avaient effectivement fini ex aequo. Petit détail sans importance. Elle l'avait toujours talonné à Poudlard, du temps où ils n'étaient pas encore amis il trouvait ça insupportable. Plus tard, c'était devenu un sujet de taquineries et il en rigolait. Mais n'empêche qu'au début qu'est ce qu'elle l'énervait ! Heureusement qu'ils étaient devenus amis sinon ça aurait pu mal terminer.

-Hé ! Protesta-t-il. N'importe quoi ! J'ai de l'imagination pour tout et n'importe quoi !

Enfin, quand il s'en donnait les moyens. Lorsqu'il faisait un effort en effet, il pouvait déployer des trésor de créativité. Bon, par contre, quand il n'était pas motivé... Il n'essayait même pas de chercher. Mais ça c'était une autre histoire.