Cela ne fait que quelques jours que je suis ici, que quelques jours et j'ai l'impression d 'être déjà habitué, tout est calme ici et c'est agréable. Ça ne me change pas tellement en fait, étant donné que chez moi j'écris aussi dans le calme. Je ne vois pas beaucoup de monde, seulement quand je vais au quartier général et d'ailleurs, je crois que je laisserai ma sœur y aller pour moi, au moins je suis certain de ne plus croiser Améthyste. Je suis à mon bureau, il n'était pas encore midi, mais quelques élèves bien matinaux étaient présent et travaillaient en silence. J'étais comme eux à l'époque, studieux et surtout discret. Je n'aimais pas m'afficher et pas plus ajourd' hui surtout à cause de mon don, dont d'ailleurs personne n'était encore au courant, pas même ma sœur, pas même mes parents. Je ne sais pas tant pourquoi je ne leur ai rien dit, mais je n'ai pas envie de le faire, je n'ai pas envie qu'ils me voient différemment sans doute, parce que je sais que les voyants ne sont pas spécialement bien vu et que je n'ai pas envie d'être le dindon de la farce, surtout que je suis connu maintenant et donc ça en rajouterais et ça ferait trop plaisir à ceux qui ne même pas de savoir ça. Ils auraient toutes les occasions de me charrier et c'est la dernière chose que je veux.

Je suis donc à mon bureau, pour ne pas changer et je ne fais pas grand chose à vrai dire, je surveille surtout les élèves, je rangerais ce soir comme j'ai pris l'habitude de le faire, de toute manière, les livres pour la plupart se rangent d'eux même, il n'est pas rare ici d'en voir voler d'une bibliothèque à l'autre, c'est d'ailleurs pareil dans la grande bibliothèque magique de Londres, mais je préfère de loin l'ambiance qu'il règne ici, sans doute parce qu'il n'y a pas Morgan. D'ailleurs j'y ai repensé en acceptant ce poste, à présent je fais le même job et j'ai eu un peu peur que mon ex petite amie pense que je veuille le copier, alors qu'il n'en est rien. Elle sait bien que j'aime les livres depuis le début d'ailleurs je ne suis pas écrivain pour rien.

Je levais la tête, lorsque Ruby entra, en fait je connaissais déjà son nom … j'avais eu une vision de lui pas plus tard qu'hier, où j'avais vu exactement ce qui se passait maintenant. Bien sur ça il n'est pas sensé le savoir alors bon, j'ai anticiper ma réponse, mais je n'ai pas parut surpris de le voir arriver, j'ai même souris parce qu'il était parfaitement dans le timing, pas une minute de retard sur l'horaire.  

« Bonjour Ruby. Avec plaisir ça me fera le plus grand bien. Vous ne me dérangez pas rassurez-vous. »

Je ne sais pas pourquoi je suis si pompeux avec lui, peut-être parce qu'il m'impressionne, oui ça doit être ça, être professeur c'est une sacré responsabilité, je ne sais pas si j'en aurais eu la force. Je me sens tout petit face à eux. Je ne fais rien de plus intelligent en tout cas. Alors forcément voir que je suis accueilli par l'un d'eux me rassure beaucoup, cela me met un peu au même niveau qu'eux, enfin du moins je n'aurais pas l'impression d'être totalement rejeté.

Ruby tombait à pique, sérieusement il ne pouvait pas mieux tomber, bon je savais qu'il viendrait donc forcément il ne me dérangeait pas du tout, mais le fait qu'il soit là avec une tasse de thé m’arrangeait assez à vrai dire. Je commençais à en avoir un peu marre d'être tout seul à mon bureau et de travailler sur ses vieux livres. Pas que ça me déplaise non loin de là, mais parfois il m'arrivait d'avoir envie de faire une pause comme tout à chacun d'ailleurs, je ne sais pas tellement pourquoi je suis venu ici, si à la base je suis là pour être loin d'Améthyste, mais quand j'y réfléchis c'est … pas aussi évident d'être loin et de ne plus penser à tout ça. Tourner la page c'est pour ça que je suis là, bon pour travail aussi, il va sans dire, mais la première raison pour laquelle j'ai accepté ce job c'est d'être loin d'elle. Enfin bref tout ça pour dire qu'il ne me dérangerait pas, oui je fais des rapports très étranges avec les choses.

« Tu tombe à pique, j'ai bien besoin d'une pause.»

Je préférais tout de suite le tutoyer de toute manière, je sais qu'il ne m'en voudra pas pour ça. On n'est pas non plus des vieux croulant. Il allait sans doute me trouver étrange … plus que ça même, vu la façon dont j'ai d'être si à l''aise alors que je le connais à peine. Je suis même étonné qu'il n'ai pas encore deviné que je suis voyant, lui qui enseigne la divination, ça devrait lui sauter aux yeux … enfin je dis ça mais de mon côté, je serais incapable de reconnaître un voyant, on ne se reconnaît pas entre nous comme peuvent le faire les loups-garou, non nous nous sommes indéfinissable et avons notre manière de voir, chaque voyant est différent, du moins c'est ce que je crois et je n'en ai pas croisé autant que ça pour le confirmer, mais j'en suis persuadé. Sa question me fit sourire … j'ai anticipé la réponse bien sur et j'ai répondu du tac au tac:

« Non j'aime la solitude, c'est dans la solitude que j'ai écris mes meilleurs bouquin, du moins je crois que c'était les meilleurs. Et la bibliothèque ça doit être l'un des endroits que j'aimais le plus quand j'étais élève alors ça ne me dérange pas du tout d'être là.»

C'est vrai en soit, j'ai toujours aimé la bibliothèque, c'était l'un des rares endroits où Ezéchiel ne me cherchait pas, un des rare endroits où j'étais tranquille et où je pouvais écrire dans mon journal sans qu'on me cherche alors ça ne me dérange pas.

« Oh , pas spécialement, j'ai toujours travaillé dans le calme et 'éloigné de la ville ne me fera que le plus grand bien.»

Je ne peu pas lui avouer tout de suite la raison exact pour laquelle je suis là, il me trouverait trop … accroché sans doute, trop faible peut-être, et puis on ne se connaît pas encore assez bien pour que je lui confie tout ça, pourtant je sais qu'un jour ça arrivera, et peut-être plutôt que prévu parce que j'ai vu qu'on deviendrait de vrai amis, alors en fait pourquoi ne pas tout lui avouer d'un coup?

« Non en fait ce n'est pas la vrai raison. Je suis là parce que j'avais besoin de m'éloigner de ma vie, de tourner la page si tu veux. J'ai laissé trop souvent mon passé prendre le dessus et en venant ici pour ce travail j'espère changer les choses.»

C'était la première fois que je parlais de ça à quelqu'un, même ma sœur n'avait pas conscience de tout ça et je dois dire que ça fait du bien de me l'avouer.